La première cuvée de Medialab pour Elles rend copie de son immersion.

Après 9 mois d’enquête, deux trinômes de 6 journalistes présentent les données de leur travail effectué dans plusieurs régions du Cameroun en matière de genre en éducation et agriculture.

« Scolarisation de la jeune fille, les lignes bougent », Cameroon Tribune, 15 décembre 2021. « Zones d’éducation prioritaires : plus d’un million de garçons inscrits en 2020, contre 900.000 filles », datacameroon.com, schoolmap Cameroon, 20 décembre 2021. « 52% des femmes écartées des financements agricoles », Le Financier d’Afrique et datacameroon.com, 13 décembre 2021. « 52% de financement agricole sont orientés vers des projets qui ne ciblent pas les femmes», Le Jour, 13 décembre 2021. Voilà le résultat et les parutions des journalistes après 9 mois d’enquête sur la problématique de l’évolution des politiques publiques en faveur de la jeune fille dans les Zones d’éducation prioritaires et le financement des projets et programmes agricoles : de la difficulté d’inclure les femmes dans les politiques publiques. Ces enquêtes ont été réalisées dans le cadre du projet Medialab Pour Elles sous l’encadrement d’Open Data Pour Elles et ADISI-Cameroon, l’association pour le développement intégré et la solidarité interactive.

Les conclusions du projet qui vise à former un réseau de journalistes aux données ouvertes en matière de genre et en capacité de réaliser des enquêtes innovantes documentant les inégalités Homme/Femme, ont été présentées à la presse ce mardi 15 février 2022 à Douala. «Des enquêtes ont été publiées au mois de décembre dans 06 organes de presse différents du Cameroun. C’est la première fois qu’on a au Cameroun des journalistes de différents médias qui se mettent ensemble de la genèse d’une idée jusqu’à la publication de l’enquête et qui travaillent 9 mois ensemble, qui partagent toutes les informations sur une même plateforme. C’était un rêve au départ, aujourd’hui c’est une réalité », se réjouit Madeleine Nguenga, experte du projet.

Retour d’expérience

L’émotion est encore perceptible chez les journalistes qui ont pris part au projet. Ils sont six au total. Alexandra Tchuileu Ngangom de Cameroon tribune, Edmond William Fotso Fonkam de SchoolMap, Marie Louise Mamgue de datacameroon.com, Ghislaine Deudjui de la rédaction de Le Financier d’Afrique, Yannick Assongmo du quotidien Le Jour et Emmanuel Batake, Coordonnateur du réseau des journalistes sur les statistiques de genre et les Odd. Chacun d’eux ressasse un souvenir de ces 9 mois d’immersion et le partage avec l’assistante au cours de leurs différentes présentations.

L’équipe de Yannick n’oubliera pas aussitôt  leur voyage retour de Nitoukou où elle a échappé-belle au bourbier qui rend impraticable la route après la pluie, démontrant ainsi la difficulté des agriculteurs à acheminer leurs vivres vers la ville. Ghislaine a en mémoire ces mamans qui lui ont confié ne pas souvent être au fait des financements qui sont accordés dans le domaine agricole et quand bien même elles ont l’information, les délais très souvent courts ne leur permettent pas toujours de postuler à temps.  Certaines ne maitrisent pas du tout  la procédure de montage d’un dossier de financement. Marie Louise quant à elle garde le joli souvenir de cette association qui a décidé d’offrir le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner à des enfants dans une communauté Baka afin de les encourager à aller à l’école.

706,77 milliards investis sans tenir compte des contraintes des femmes

Ce moment de partage a surtout permis de comprendre  que 114 programmes et projets agricoles intégrant l’aspect genre et la répartition des financements ont été répertoriés et sont inégalement répartis dans les 10 régions du Cameroun. Entre 2010 et 2020, sur 112 projets et programmes agricoles développés au Cameroun, seuls 41 d’entre eux, prennent en compte les préoccupations et les spécificités des hommes et des femmes lors de leur conception. 1369,3 milliards F.Cfa ont été mobilisés entre 2010 et 2021 sur un total de 58 projets recensés. 706,77 milliards, soit 52 % de ces financements, sont orientés vers des projets qui ont été conçus sans tenir compte des contraintes rencontrées par les femmes.

Cinq millions d’élèves inscrits dans le primaire en 2020

Sur la problématique de la scolarisation des  jeunes filles dans les Zones d’éducation prioritaires (ZEP), on note une nette progression sur les cinq dernières années. Dans ces zones spécifiques, 55,6% des filles vont au bout de leurs études contre 77,8% des garçons. Sur  près de cinq millions d’élèves inscrits dans le primaire au Cameroun entre 2019 et 2020, on enregistre plus d’un million de garçons inscrits dans les ZEP en 2020 contre seulement 900.000 filles.

 Les résultats de cette enquête constituent de la  matière pour des plaidoyers des  associations de défense des droits de la femme  en vue d’une amélioration de la situation.

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