Polyandre d’un soir.

Suite et fin de mon aventure Banguissoise.

Pour suivre le fil de l’histoire, vous pouvez lire la première partie en cliquant ICI, la deuxième partie est juste là ICI. La troisième démarre maintenant…

Le deuxième jour du forum affiche au programme, outre une session introductive sur le rôle et l’obligation des médias numériques dans la prévention des conflits liés aux discours de haine, une session de partage d’expériences et de bonnes pratiques des pays de l’Afrique Centrale. Sur certains visages ce matin du 27 avril 2022, on peut lire le trac. Les petites blagues et fou-rires du jour d’avant, ont cédé place à la concentration. L’œil rivé sur l’ordinateur, chacun essaie tant bien que mal de finaliser son travail avant le moment attendu des présentations. La journée passe tellement vite qu’elle s’achève sans ce moment de partage. Suite à un imprévu, la journée se termine plus tôt que prévu.

Bref tour à la maison. Débarbouillage, appels pour prendre des nouvelles de la famille et hop! Nous ressortons pour le diner. Mais avant, un petit tour de ville. La ballade commence par l’Assemblée nationale. Les bâtiments que nous sillonnons affichent fière allure. On a juste le temps de regarder la bâtisse car, impossible après les heures de travail d’y pénétrer. La balle se poursuit à travers les ruelles. A quelques kilomètres de l’Assemblée, nous empruntons une allée. Elle grouille de monde. Les commerçants sont installés sur le trottoir. Une partie de la chaussée connait le même sort. Se frayer un chemin relève du parcours du combattant. Entre moto-taxi, taxi et commerçants, il faut invoquer le “dieu” de la patiente pour ne pas craquer. On se croirait en plein marché Mokolo à Yaoundé ou Nkololoun à Douala au Cameroun. C’est le kilomètre 5 de Bangui. Ici c’est le règne de l’anarchie.

Ma première MOCAF1

La soirée démarre par un petit repas chez notre compatriote Camerounaise. Il est bientôt 19 heures quand nous arrivons sur site. L’effervescence de la veille à céder la place à un calme impressionnant. Ici, il y a deux types de poulet à consommer. Les poulets des kfc et ce qu’on braise en plein air, le long de la route. Notre menu du soir est donc du poulet braisé avec du pain en complément. Petit moment de retrouvaille entre 237. Puis, retour à la maison. La soirée s’annonce longue. Nous avons rendez-vous avec les autres participants au Sango, un restaurant-bar chic non loin de la cathédrale.

Il est un peu plus de 20 heures quand Beranova et moi empruntons à pied, le chemin qui mène au Sango. La route en terre est dans le noir. La torche de nos téléphones nous sert d’éclairage. Après 5 minutes de marche, nous sommes sur site. Des participants venus d’ailleurs, le Tchad et le Gabon sont valablement représentés. Le Rwanda et le Cameroun prennent alors place autour de la table. Plan orné de MOCAF, la bière locale.

Une tournée. Deux tournées sous un fond de musique Old School qui agrémente notre discussion. Pause. Il faut répondre à l’appel du billard. Gabon/Rwanda vs Gabon/Cameroun s’affrontent. Au bout de 10 minutes de jeu, la boule de victoire de l’équipe Gabon/Rwanda rentre dans le trou et marque la fin du jeu. Barman, une autre tournée de MOCAF. Il faut faire tourner l’économie locale. Il est un peu plus de 23 heures quand nous libérons le site fermé à près de 90%.

Le dernier jour d’une camerounaise à Bangui

Les jours et les nuits se succèdent mais ne se ressemblent pas durant notre séjour. Le troisième jour du forum se résume aux partages d’expériences et à la formation des groupes de travail. Un moment de détente au Sango, puis dodo. vendredi  29 avril 2022. C’est le dernier jour des travaux et aussi le dernier jour de notre résidence. Avec les autres participants, on se donne rendez-vous pour un dernier Bangui by night avant le retour.

18 heures. L’une des salles d’attente de l’hôtel Ledger se vide peu à peu. La clôture du forum vient de s’achever. Par petit groupe, les participants quittent la scène. Des rendez-vous pour l’After forum se tissent ça-et-là. J’ai hâte de découvrir ce que la Coquette offre avant de repartir. La navette annonce le dernier départ du site de l’hôtel. J’ai juste le temps prendre une douche, enfiler une combinaison, prendre mon sac et retrouver Marwan qui attend dehors et crie déjà famine. Nous prenons la route dans cette nuit noire pour le centre-ville. Direction, le restaurant 5 fourchettes.

L’endroit est plein au ¾. Des expatriés en majorité. Je commande un Steak, une portion de riz et un cocktail alcoolisé. Mon hôte opte pour le même menu sans alcool, juste une bouteille d’eau. De la commande au service en passant par le goût, rien n’est à la hauteur des 5 fourchettes accrochées à l’enseigne. Au moment de régler la facture, on se rend compte d’un surplus de 1000 Fcfa contrairement à la carte du menu. Le serveur, interpellé, rend compte au chef de salle qui annule ces frais supplémentaires. J’apprends par la même occasion qu’ils sont coutumier du fait.

Toi et Moi

Mon téléphone ne cesse de crépiter. Les autres participants sont déjà de sortie. Ils me faxent leur position. Le Sango. Cool! L’adresse m’arrange. C’est non loin de mon appart au cas où… Marwan me propose de faire un tour chez un de ses amis propriétaire d’un nightclub dans le secteur. Une fois au lieu indiqué, un fait curieux attire mon attention. Une maison de dieu et celle de la débauche se font face.

Mon hôte gare dans un parking intérieur puis nous prenons une allée qui donne sur un couloir. Le couloir lui, débouche sur une piste de danse. C’est l’intérieur de « Toi et Moi nightclub« . Il est un peu plus de 21 heures quand nous entrons dans la salle presque vide. Les hôtesses se déhanchent comme elles peuvent sur la piste. Le propriétaire, un homme de race blanche avec son chapeau de cowboy, nous propose de visiter ses installations. Le club a presque tout. Y compris une antichambre de strip-tease.

Mes copains de la nuit me font signe qu’ils partent du Sango pour le Zodiaque. Je passe l’information à Marwan qui sourit. Mais, c’est la boîte de nuit juste à côté, me répond-t-il. Drôle de coïncidence n’est-ce-pas? On sort les attendre. L’avenue qui donne sur cet endroit de vie est en terre. Le temple “Jésus-Christ est Seigneur”, situé en face des deux points de trémoussement, se remplit peu à peu pour une célébration. Les gars font surface et nous pénétrons la bâtisse du “zodiaque” situé en face de l’église. Ici, contrairement à “Toi et Moi”, l’espace grouille de monde. Impossible d’avoir une place convenable. Nous nous déhanchons sur la piste en sirotant nos MOCAF. La playlist du disk-jockey est à jour. Il nous balade entre les différents rythmes d’actualité de la musique de l’Afrique centrale et d’ailleurs.

Les chevaliers du zodiaque

Les minutes s’égrènent entre Fally Ipupa, DJ Arafat, Locko, Mimie et bien d’autres artistes. Une demoiselle se rapproche de moi et me dit bonsoir. Quelques minutes plus tôt je l’observais esquisser des pas vers l’un de mes compagnons de bringue. Son salut se veut insistant. Jusque-là, je ne comprends rien. Intérieurement, je me dis qu’elle est avec lui, et donc, il a certainement indiqué qu’on était ensemble. Entre deux danses, elle change de cavalier et se rabat sur l’autre garçon de la bande. Une brève conversation a lieu entre les deux et la demoiselle se retourne vers moi. Je suis dans un coupé-décalé pas possible. Elle me rentre dedans et me passe des salutations à nouveau. Décontenancée, je demande de l’aide à mes compagnons. Ceux-ci m’informent que pour se débarrasser de la fille, ils ont prétendu que j’étais leur épouse. Je meurs quoi dans l’histoire?

La polyandrie n’est pas encore autorisée à ce que je sache?! Nous sommes sortis du pétrin par le coordonnateur qui signale que la fête est terminée. C’est pratiquement un ouf de soulagement que je lis sur le visage des gars. Nous quittons la piste de danse et direction la voiture. Ma montre affiche un peu plus de 23 heures. La jeune dame n’a pas lâché le morceau. Elle arrive pratiquement devant le véhicule avant nous, et se propose de rentrer avec qui veut bien. Me voici encore utilisée comme paravent. Elle ne décourage pas. S’accroche jusqu’au moment où le chauffeur fait vrombir le moteur et Bangui commence à ne plus être qu’un lointain souvenir dans nos têtes. C’était la première fois que je voyais des confrères fuir face à l’opportunité.

Non aux discours de haine

Voilà! C’est ici que prend fin ce voyage de quelques jours au cœur de Bangui la coquette. Loin de l’image de guerre et d’insécurité répandue, j’ai adoré chaque instant et savouré les moments passés dans ce pays qui accuse un retard impressionnant dans son développement. Le pays nécessite que tous ses enfants se mettent ensemble pour le construire au lieu de créer et multiplier les discours de haine et maintenir la division et la guerre qui sert les intérêts des autres.

Plusieurs personnes de prime abord, s’adressaient à moi en Sango, la langue nationale  du pays. Quand je me suis renseigné, on m’a dit que j’ai une morphologie qui tend vers celle d’une centrafricaine plutôt qu’une camerounaise. Celles-ci étant généralement très généreuses en formes et courbes.        

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