Avec 514 cas de traite des personnes et 190 cas de trafic illicite enregistrés en 2022, le pays développe des mécanismes pour endiguer le phénomène.
« Et si vous étiez victimes de traite des personnes et de trafic d’êtres humains ? » « Vous pouvez être la prochaine victime de traite ». Dénoncez pour trouver de l’aide au 1503 ou rapprochez-vous des services du ministère des Affaires sociales ou de la Commission des Droits de l’homme du Cameroun », tels sont les messages qui trônent désormais dans la zone commerciale de l’aéroport international de Douala. Les passagers en partance de cette plateforme aéroportuaire ne pourront manquer cette communication à eux adressée.
Ces affiches de sensibilisation sur la traite des êtres humains et le trafic illicite des migrants ont été dévoilées ce mardi 16 juillet 2024 par la ministre des affaires sociales et celui des transports, en présence du chef de mission de l’organisation internationale pour les migrations. La plateforme aéroportuaire étant exposée à ce type de fléau avec 1 million 100 milles passagers enregistrés à l’arrivée et au départ en 2023.
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Pour Pauline Irène Nguene, la ministre des Affaires sociales du Cameroun, il faut rester en alerte. Dans sa prise de parole, elle révèle qu’une étude menée sur l’ensemble du territoire national établi qu’entre 2011 et 2021, au moins 60 jugements et de condamnations rendus par les Cours et tribunaux en matière de trafic et de traite des personnes à travers le pays. Un taux qu’elle juge relativement faible au regard des allégations sur l’ampleur du phénomène. À titre d’exemple, et toujours selon la ministre des Affaires sociales, au cours de l’année 2022, ses services compétents ont pris en charge 514 cas de traite des personnes et 190 cas de trafic sur l’ensemble du territoire. Plus de 30 % des cas rapportés sont dans la région du Littoral.
1 million de personnes déplacées internes exposées
Cette campagne de sensibilisation se tient à la suite de plusieurs autres initiatives, parmi lesquelles le dévoilement des affiches permanentes à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Elle vise donc à sensibiliser le public et les acteurs concernés sur la gravité et l’ampleur de la traite des êtres humains et du trafic illicite des migrants. C’était aussi l’occasion de présenter le dispositif mis en place par le Gouvernement du Cameroun non seulement pour la lutte contre ces phénomènes sociaux, mais aussi pour protéger les concitoyens contre les vulnérabilités qu’ils engendrent. Et on y dénombre environ 1 million de personnes déplacées à l’intérieur du Cameroun selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies.
« Ce sont des personnes particulièrement exposées aux risques d’abus, d’exploitation de toutes sortes, voire de traite, qui nécessitent une attention soutenue de notre part. Les jeunes ne sont pas exclus de ces situations à risque, tant il est vrai que les activités de traite et d’exploitation sont souvent bien cachées, parfois approuvées par l’entourage des victimes et présentes dans tous les milieux de socialisation : écoles, familles, églises, communautés, etc. », explique la ministre des affaires sociales.
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Malgré le silence des victimes ainsi que de leurs auteurs, les pouvoirs publics mènent des actions tant dans la prévention que la répression des cas avérés. Des mécanismes mis en place, on note outre l’arsenal juridique, de nombreuses actions menées sur le terrain. Sur le plan institutionnel, la Minas révèle que, le Cameroun a ratifié depuis 2006, le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. Ce Protocole vise à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants.
De même, le pays a adopté le Pacte Mondial sur les migrations sûres, ordonnées et régulières. Celui-ci vise à contribuer à la gouvernance mondiale et à l’amélioration de la coordination des migrations internationales. Le Cameroun s’est également doté d’un Comité Interministériel de supervision des actions dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la traite et les trafics illicites de migrants et d’une plateforme de concertations et d’échanges entre le Gouvernement camerounais et la société civile sur la traite des personnes et le trafic illicite des migrants mise sur pied en février 2023.
S.O.S au 1503
Sur le plan opérationnel, on note de nombreuses actions menées. L’accueil et l’organisation de la prise en charge des victimes dès leur arrivée aux Aéroports internationaux, en particulier celui de Douala. La mise en place d’un site d’accueil temporaire aménagé pour les besoins de la cause. Celui-ci, fonctionnel depuis janvier 2022, a hébergé et sécurisé plus de 400 migrants de nationalités camerounaise, tchadienne, nigériane et nigérienne depuis son ouverture.
Pour faciliter l’accès à l’aide, un centre d’appels téléphoniques avec la ligne verte 1503 est disponible. L’outil d’assistance c’est pour les personnes vulnérables ou en détresse. Il fonctionne avec 11 agents-opérateurs à plein temps pour la dénonciation des cas de traite, de trafic et d’autres types d’abus.
Un programme de lutte contre le phénomène des enfants de la rue, avec l’appui technique et financier des partenaires au développement, contribue à réduire leur vulnérabilité et leur exposition aux fléaux sociaux émergents. Pour finir, le pays s’investit dans l’incrimination des actes de traite des êtres humains et de trafic des migrants et assure les poursuites pénales en direction de leurs auteurs, conformément à ses obligations internationales.