La gastronomie comme levier de la diplomatie culturelle du Cameroun

Cette question était au centre de la 8ème édition du forum économique de la fondation Elessa Lothin-Sen.

La scène internationale du goût est l’un des espaces où s’observe le mieux la bataille d’influence entre les Etats et opérateurs économiques, affirme le Dr. Christian Pout. Cependant, quand on regarde les capitales mondiales de la gastronomie, on remarque qu’aucune ville africaine n’émerge. Pour lui, malgré les efforts consentis, l’Afrique n’a toujours pas d’adresses classées. «La faible représentativité de l’Afrique serait due à l’absence de politique gouvernementale stratégique cohérente en matière de gastronomie, à la faible affectation des ressources et à une insuffisante mise en réseau des acteurs diasporiques.»

Ce diagnostic a été dressé le 27 octobre 2023 au cours de la 8ième édition du forum économique de la fondation Elessa Lothin-Sen. Organisé sous le thème « diplomatie camerounaise économique de la table, célébration du ndolè, 47ème plat mondial», ce forum visait entre autres à prendre conscience du potentiel gastronomique du pays. « C’est une réflexion économique. Là, on a un classement qui parle du ndolè comme on aurait pu parler du éru… On voit très bien qu’en consommant sur nos tables les produits du terroir, nous créons des chaines de valeur ainsi que des emplois. On doit prendre conscience, nous Camerounais, quel que soit notre segment, qu’il y a une compétitivité gastronomique à mener pour que nos produits du terroir se retrouvent dans nos tables, nos habitudes», détaille Louis Lothin Elessa, le président de la fondation Lothin-Sen.

Plus de 500 ingrédients recensés

 Le diplomate Dr Christian Pout et l’écrivain Gaston Kelman étaient les orateurs du de ce forum. Pour le chef du centre d’analyse stratégiques, de prospectives et de crise au ministère des relations extérieur du Cameroun, la diplomatie culinaire vise la promotion des intérêts d’un Etat auprès d’un autre par la cuisine ceci dans le cadre des hautes sphères du pouvoir. Elle revêt comme enjeux, de préserver et promouvoir le patrimoine culturel qui constitue le fondement de l’intérêt national, valoriser les singularités culturelles, diffuser des valeurs culturelles positives et promouvoir des expériences sensorielles diversifiées.

Selon lui, le Cameroun a l’une des gastro-diversités les plus importantes d’Afrique. Il est la 1ère économie de la sous-région et 13ème économie africaine avec plus de 500 ingrédients pour 349 recettes recensées au Cameroun. Pour réussir cette transition et inscrire l’Afrique de manière générale et le Cameroun en particulier sur l’échiquier mondial,l’écrivain Gaston Kelman explique que ça passe par les lobbies, mais aussi par une consommation beaucoup plus locale, tant dans les hôtels que dans les restaurants, lors des conférences, séminaires, et autres diners d’Etat…Ce qui permettra au Cameroun d’être sur la scène internationale du goût, et de faire connaitre tous ses autres plats, et divers autres produits.

En rappel, la gastronomie fait partie du patrimoine immatériel de l’humanité. Elle suscite des intérêts colossaux et des batailles économiques. C’est pourquoi toutes les recettes font l’objet d’une protection à l’Oapi ou au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.