Santé sexuelle et reproductive au Cameroun: Plaidoyer pour un dispositif minimum d’urgence en secours aux filles et femmes dans les zones en crise humanitaire

Plus de 4,7 millions de personnes dans ces zones sont dans le besoin humanitaire. 1,8 million de personnes ont un besoin spécifique en santé. Les femmes et les filles en âge de reproduction représentent la moitié de ce chiffre. Pour améliorer les services et soins offerts à cette couche de la population affectée, le Fonds des Nations unies pour la population, prône la mise en place d’un DMU-SSR complet et conforme au standard international.

Les Acteurs humanitaires du cluster santé de reproduction reunis ce 15 septembre 2023 à Douala

Reanne Nkwate est point focal de la santé de la reproduction à la délégation de la santé publique du Sud-ouest. Selon elle, les chiffres de la 1ère moitié de 2023 signalent que 155 femmes sont décédées dans ladite région en donnant la vie. Du côté de la mortalité infantile, les données statistiques restent tout aussi préoccupantes. Elle parle d’une précoce mortalité néonatale due à la naissance de plus en plus de bébés prématurés. Ces décès non maitrisé, s’accentuent pour plusieurs raisons. Le manque de personnel de santé et la fermeture de plusieurs formations hospitalières dans ladite région. Conséquence de la crise socio-politique qui y sévit depuis au moins 07 ans.

« Dans un contexte normal, la région du Sud-ouest ne dispose pas d’assez de sages-femmes. Avec la crise, le besoin en termes de prise en charge de la santé sexuelle et reproductive a accru. Alors que, certaines sages-femmes et personnels de santés torturés et maltraités, ont demandé à être transférés. Plusieurs centres de santé ont également fermé.  Le peu de sage-femme disponible fait de leur mieux pour offrir les services possibles. Parfois, elles sont incapables d’aller dans les établissements sanitaires surtout lorsqu’il y a restriction de mouvements», déplore Reanne Nkwate.

Point focal de la santé de la reproduction, Sud-ouest

Le Sud-ouest n’est pas la seule région du pays qui souffre du manque de services et soins de santé. Le Cameroun en connait trois crises depuis plusieurs années. La crise sécuritaire de l’Extrême-nord et la crise socio-politique dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Non sans oublier l’afflux des réfugiés qui met en mal la résilience des populations d’accueil. Une situation qui n’est pas sans impact sur la prise en charge dans le secteur de la santé. Spécifiquement la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles. Selon Noemi Dalmonte, représentante adjointe du Fond des Nations unies pour la population (Unfpa) au Cameroun, 60% des décès maternels et 45% des décès néonatals sont favorisés par les crises humanitaires au niveau mondial.

200 formations sanitaires détruites, 1,8 million des personnes dans le besoin en soins de santé

Au Cameroun, on estime à 4.7 millions de personnes dans le besoin humanitaire. Le plan d’action humanitaire 2023 du pays montre que 1,8 million des personnes ont besoin d’une aide d’urgence pour accéder aux services de santé. Notamment la consultation prénatale, l’accouchement, la planification familiale, la prise en charge des violences sexuelles et bien d’autres. Cela advient alors que plus de 200 formations sanitaires ont été détruites ou abandonnées. Ceci à cause des attaques, ou des catastrophes naturelles dans ces régions. Ainsi, les services offerts par le personnel médical sont réduits; la fourniture des équipements, intrants et soins essentiels limitées.

« Il en résulte une augmentation substantielle des cas d’accouchement à domicile, avec un risque élevé de mortalité maternelle et néonatale. Les difficultés d’accès aux services accroissent les besoins non-satisfaits en planification familiale. Exposant les femmes et les filles aux risques de grossesses non-désirées, non-intentionnelles ou précoces. De même, les risques de violences sexuelles augmentent pour les femmes/filles, cibles privilégiées de violence en situation de conflits.» Unfpa

UNFPA

Afin d’améliorer la réponse sanitaire du pays face à ces différentes crises, et, en appui au ministre de la santé publique, le Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa) a organisé un atelier. Celui-ci s’inscrit dans le cadre d’une consultation nationale, inclusive et participative des acteurs du secteur de la santé à différents niveaux de la pyramide sanitaire. A l’effet de mettre en place, un dispositif minimum d’urgence en santé sexuelle et reproductive (DMU-ssr) complet et conforme au standard international.

La planification et la DMU-SSR comme clés

Protéger à l’unanimité l’intégrité physique et émotionnelle des femmes, des filles et de toutes les familles malheureusement affectée s par les crises humanitaires. Tel est l’engagement pris ce 15 septembre 2023 par les acteurs humanitaires du cluster santé de reproduction. Ils étaient en concertation nationale pendant 04 jours à Douala. Afin de repositionner la santé sexuelle et reproductive et d’améliorer les services et soins offerts aux populations affectées par les crises humanitaires au Cameroun.

D’après le Fonds des Nations Unies pour la Population (Unfpa) qui appuie l’organisation de cette consultation nationale, la planification actuelle ne permet pas de faire un bon suivi.  Tant dans le secteur de la santé de manière globale que dans l’atteinte des cibles en matière de santé de la reproduction. Par exemple, sur 43,6% des financements santés mobilisés cette année, aucune donnée dédié à la santé de la reproduction n’est disponible. Pour pallier ses manquements, Noemi Dalmonte, mise sur une bonne planification du secteur santé et l’optimisation de la mise en place des six piliers du Dispositif minimum d’urgences en santé reproductive (DMU-SSR).

Notamment une meilleure coordination autour des multiples actions/contributions tant du gouvernement, des organisations de la société civile, des agences des nations unies que des communautés. Ceci afin de faciliter la disponibilité des services. Il s’adit aussi de prévenir la violence sexuelle et répondre aux besoins des victimes. Prévenir la transmission et réduire la morbidité et la mortalité en raison du vih et d’autres IST. Le DMU-SSR préconise en plus de prévenir la surmortalité et la sur-morbidité maternelles et néonatales. Prévenir les grossesses non désirées. Et, enfin, planifier l’intégration des services complets de SSR dans les soins de santé primaires. L’objectif étant de repositionner les interventions de santé sexuelle et reproductive au sein de la réponse humanitaire au Cameroun. Afin qu’elles couvrent de façon adaptée, l’entièreté du paquet des soins d’urgence.

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