Bonjour Kinshasa ! (Suite et fin)

Nous sommes enfin sur le sol congolais. Allons découvrir ce que Kin et les Congolais ont à nous offrir. Si vous entrez par ici, vous pouvez lire le début de l’aventure en cliquant sur Ma première au pays de la Rumba congolaise (partie 1)

Il est 10h le lundi 20 juin 2022 quand je sors de mes draps. Après mon bain, je descends prendre une connexion internet à l’hôtel. C’est dans le package, mais il faut exprimer la demande. L’équipe que je trouve à la réception n’est pas la même que celle à mon arrivée. J’exprime ma doléance et le jeune homme me demande pour combien de jour je suis là? 5 jours. Il entre un code sur un coupon et me remet en indiquant que si jamais j’avais besoin de plus, que je n’hésite pas à demander. Me voici donc de retour dans la civilisation. Je suis assailli par les messages. Un, attire mon attention. C’est celui d’un twittos avec qui j’échange souvent et dont j’ai le colis. Il me propose de déjeuner avec lui. Je lui donne mon OK et quelques minutes plus tard, la réception me signale qu’un chauffeur m’attend en bas.

Connais-tu Kinshassa ?  

Dehors, le véhicule et le chauffeur sont facilement identifiables. C’est vous madame tel? Moi: oui. Je m’installe et nous prenons la route. L’hôtel Relax où j’ai pris mes quartiers, est situé non loin de la gare centrale, une sorte de Ndokoti en miniature. A 5 minutes du lieu de service de mon hôte. L’autoroute que nous empruntons est parsemée de magasin. La circulation reste dense à cette heure de la journée.

L’incivisme des automobilistes aidant. Entre ceux qui ont un volant à gauche et les autres à droite, il y a de quoi créer cette cacophonie. Les affiches publicitaires pullulent le long des voies et même des immeubles. On peut voir le président de la République en grand portrait encourager l’éducation de la jeunesse ici, et à côté voir un homme de Dieu prédire l’avenir. Ou encore un Felix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO dire ‘Non au tribalisme! Pour un Congo uni, fort et prospère.’ jouxté d’une annonce de Wenge Musica en concert au stade des Martyrs le 30 juin.

Une fois au lieu de service de mon hôte, être camerounaise ne fait pas bonne presse. J’y apprends qu’à cause du président d’un organisme camerounais, un forum programmé avant celui de Kinshasa a été annulé. Du coup, la réputation des Camerounais y prend un coup. Je ne travaille même pas dans ledit organisme donc ma part quoi là? Retrouvailles. Accolades. Présentation. Oui! C’est la première fois que je le vois. Nous nous rendons à pied à Eric Kayser, un artisan boulanger parisien qui a ouvert une boulangerie dans la commune de la Gombe. Le cadre est propre et bien décoré. Le service et le repas valent le coût déboursé. L’endroit semble fréquenté par des expatriés et une certaine classe de la société. Après là-bas, nous faisons un tour au siège de la Monusco avant de prendre la route pour l’hôtel Pullman, où va se tenir le forum.

La chaleur du Relax hôtel

De retour à l’hôtel, c’est une équipe différente de celle qui m’a accueilli à mon arrivée et de celle du matin qui est là. Les deux jeunes hommes sont autant accueillants que les précédents. Echange de civilité, puis je récupère mes clés avant de monter dans ma chambre. En préparant ma journée du lendemain, je me rends compte que ma tenue a besoin d’être repassée. Je compose le numéro de la réception. Allô! Bonsoir madame. Bonsoir monsieur. Je souhaite faire repasser mon gang pour le lendemain. Mon interlocuteur: un gang de quelle taille? Moi: de taille normale. Il m’informe que ça va me coûter 1500 francs congolais et insiste pour venir récupérer ma tenue dans ma chambre. Je lui demande si le montant n’est pas un peu élevé juste pour un repassage.

Le jeune homme me dit « non » et me propose de régler ma facture. À vrai dire, je ne sais pas à combien renvoient ces 1500 F.CFA. J’écris à mon hôte du jour qui me signale que c’est l’équivalent de moins d’un dollar. Ok ! Vers 22heures je descends échanger et prendre une bière locale avec le gabonais qui est arrivé et loge dans le même hôtel que moi. Je tombe sur le réceptionniste avec ma tenue. Le jeune homme insiste pour monter le ranger lui-même dans ma chambre. Avant de sortir, il m’informe qu’il m’attendra le matin pour apprécier le vêtement sur moi avant de quitter le service…

Le mardi 21 juin 2022 est le jour-dit. Le Forum régional pour le développement d’un projet de stratégie régionale et de plan d’action pour la prévention et la lutte contre les discours de haine en Afrique centrale démarre à l’hôtel Pullman. Il est 7h quand le bus de la Monusco affrété pour le transport des participants de l’hôtel pour le lieu du forum gare devant notre hôtel. Mon réceptionniste est au rendez-vous. Il m’ouvre la porte et je regagne le bus. A bord, je retrouve mes compatriotes avec qui je suis arrivée un jour plus tôt. Ils ont la mine serrée. Depuis notre arrivée, ils n’ont reçu ni la visite du Comité d’organisation, ni leur appel. Moi non plus hein, mais je ne me plains pas pour autant.

Le bus fait un dernier arrêt pour récupérer la délégation venue du Congo Brazzaville. Celle-ci honore leur nom de baptême, le pays de la sape. Flat cap sur la tête, veste près du corps, chaussure en cuir avec des couleurs chatoyantes. Ils sont vraiment en mode sapologie. Une fois tout le monde à bord, le car se faufile dans la grande circulation de la commune de la Gombe. L’autoroute a 3×3 voies mais, reste embouteillée. Le chauffeur, comme pour prouver qu’il a bien eu sa capacité, quitte la voix principale pour serpenter le long des ruelles secondaires.

La première journée est bien pleine. Entre phase protocolaire, leçon inaugurale et présentations, c’est autour de 18h30 que la séance est levée. Mon coparticipant du forum de Bangui venant de Kinshasa a enfin fait signe de vie. A bord de son véhicule, nous quittons l’hôtel Pullman pour un tour de ville. Notre marche démarre par l’hôtel fleuve Congo. Puis la place du mausolée du président Kabila père. Mon coup de cœur. Chaque fois qu’on y passait en journée, je me demandais ce qu’était ce magnifique endroit. Le monument en forme de dôme trône sur une grande superficie non loin du palais secondaire du président de la République. Des lampadaires incorporés autour éclairent le site devant lequel siège une énorme sculpture de cet ancien chef d’état. La ballade est agréable par ce temps doux. Quelques militaires en faction observent la scène. Patient raconte l’histoire des différents chefs d’état liée à cet endroit avec délectation. Je profite pour faire quelques photos. Aucun gendarme n’est quittez de son poste pour nous intimider ou nous demander de partir. J’ai seulement pensé aux scènes devant Etoudi et j’ai ri. Nous quittons le site et prenons la route pour l’hôtel. Autour de 20h, nous sommes déjà de retour à mon hôtel. Mon ami twittos m’invite à dîner chez lui. Une invitation à laquelle j’honore avant de retrouver mon lit.

On parle de blogging

Le réveil est un peu difficile le deuxième jour. J’ai la tête qui fait mal et le nez bouché. La forte climatisation de la veille fait déjà les effets sur mon corps. La routine de chaque matin démarre. Douche, habillement, consultation de ma messagerie et descente à l’accueil. Le réceptionniste esquisse un grand sourire à mon approche. L’un d’eux s’empresse de me rappeler que c’est lui qui m’a enregistré à mon arrivée. Le Gabonais et le Tchadien m’ont devancé au restaurant. Je découvre alors que le petit déjeuner est inclus dans le prix de la chambre et donc est gratuit. Nous sommes encore à table quand on nous signale l’arrivée du bus. Nous prenons place et le chauffeur s’engage sur le chemin de la veille. Devant l’hôtel de nos amis du Congo Brazza, c’est le concierge qui nous informe qu’ils ne prendront plus le bus, ils ont leurs véhicules personnels.

La deuxième journée est aussi dense que la première. Les présidents des hauts conseils de la communication des pays de la CEEAC sont à l’honneur. On apprend un peu sur les défis de la régulation dans leur pays respectif face à la montée des médias numérique et les réseaux sociaux. La confusion entre blogueur et lanceur d’alerte est vite fait et m’impose de prendre la parole de temps à autres pour clarifier. Comme la première journée, la deuxième se referme autour de 18h15. J’ai plusieurs rendez-vous dans mon agenda pour un Kin by night. Je choisi de répondre à celui des gens du système des Nations unies.

Kin by night

Pour ma marche nocturne c’est Sylvestre, un natif de la RDC mais en service à la Minusca à Bangui qui sera mon guide et chauffeur. Sylvestre a des histoires dignes des films de la chaine Actions. C’est un fan des Lions indomptables et surtout des « cameruineuses » Vous allez seulement taper mon ventre pour que je vous dise ce qu’une compatriote lui a fait ou que je vous raconte l’histoire de l’importation, car c’est un grand importateur (rire).

Autour de 20 heures, il m’informe qu’il est déjà à mon hôtel. J’enfile un pantalon et un t-shirt avant de descendre. Nous prenons l’avenue de l’indépendance en passant par la gare centrale. L’autoroute est éclairée. Le boulevard est parsemé de supermarchés, hypermarchés et Malls encore ouverts. On peut voir l’achalandage de Kin Mart, City Market, Park’n Shop, Alimentation Cristal, Munuprix, Bam ou encore Regal. À la tête de ces commerces, trônent des Libanais, des Indiens et les Chinois. Au fur et à mesure qu’on roule, dame nature fait ses caprices.  Il fait de plus en plus frisquet. Un climat qui ne facilite pas mon épanouissement avec mon nez déjà bouché.

Après 15 à 20 minutes, nous sommes sur site. Le chauffeur gare. Le Gabonais et moi suivons notre hôte. Ce dernier entre dans une barrière verte, longe un couloir, prend des escaliers qui donnent sur une terrasse. C’est Planète-J. Nous avançons et tombons sur les autres membres de la bande déjà en avance. Autour de la table, il y a plusieurs nationalités. Deux Congolais, un Gabonais, un Nigérien, une Française et trois Camerounais. Oui monsieur! Nous sommes nombreux partout. La soirée démarre peu à peu. Entre intrigue, commémoration des matchs de la CAN, l’ambiance monte. Je teste ma deuxième bière locale.

Après la Nkoyi, je suis dans la Primus, Bana Lelo. Le rôti de cabri est venu porter ce moment au firmament. Je n’avais jamais mangé une viande braisée aussi exquise. Si vous faites un tour à Kinshasa, je le recommande. Après 2 heures de beaux moments, arrive l’heure des aurevoirs. Une fois devant la voiture, nous sommes assaillis par une bande de 4 jeunes. Ils veulent gratter un peu comme on dit au Cameroun. « Ah président ! Papa ! Chaussures double boucles ! Ceinture en cuir ! », lancent-ils pour espérer une faveur de l’un d’entre nous. Peine perdue. C’est surtout Sylvestre qui est leur cible, il ressemble trop au porteur. Si c’était à Douala, on aurait entendu « réssé tes bindis ont faim, si tu ne donnes pas, j’ai la lame, sinon je te blesse.»

Les joies de Bandal

Le jour suivant passe tellement vite. J’ai le temps d’aller au forum, de rentrer, aller dîner chez le twittos et de retourner dans ma chambre avant 22h. Je suis au téléphone avec ma hiérarchie au Cameroun quand je reçois des messages du Gabonais. Il m’appelle au secours et m’indique qu’il est pris entre les griffes d’une belle de nuit qui refuse de lâcher sa prise de ce soir. Je ‘Ray charles’ d’abord. Son cri de détresse se fait plus insistant. Une heure d’horloge après, je prends congé de ma hiérarchie et descend voir s’il a encore besoin de moi.

A l’accueil, Platini, l’un de mes amis réceptionnistes me demande si je sors encore. Moi: je vais juste devant l’hôtel. Le Gabonais est assis dans une buvette en face de l’hôtel. Visiblement déjà débarrassé de son prédateur. Je traverse la route et m’installe auprès de lui. Nous conversons pendant une trentaine de minutes en faisant tourner l’économie avant de monter dans nos chambres respectives.

Vendredi 24 juin 2022. Notre séjour kinois tire déjà à sa fin. Les travaux du forum ont été denses. Malgré l’arrêt pour aller faire les test-covid19 pour les retours, la stratégie et un plan d’action de lutte conte les discours de haine en Afrique centrale ont été élaborés et adoptés. Patient qui était censé être mon guide avec plein de rêve et de promesses une fois que je serais sur Kinshaha est porté disparu. Mon seul rempart reste le comité d’organisation. Pour un dernier comité de liquidation.

 L’équipe décide cette fois, de nous faire sortir de la commune de Gombe. Après le débriefing du forum, le cap est mis sur mon hôtel. Je me débarrasse des talons et vêtements de la journée et enfile un jean et t-shirt. Nous prenons alors la route pour la commune de Bandalungwa. La circulation est dense et difficile. La voie est étroite et la chaussée rocailleuse. Plus on entre, j’ai l’impression de parcourir la rue de la joie à Deido. Les snacks et les boites de nuits pullulent le long des rues. Sylvestre! Encore lui et ses histoires, nous présente des « kuzu ». Ce sont des sortes de lieux/snacks et coins où tout est permis. Ne me demandez pas quoi en particulier? La ville bouillonne. Contrairement à la Gombé avec les malls et les buildings, Bandal est plutôt modeste dans son architecture. J’y apprends que c’est le fief de plusieurs artistes congolais notamment Wenge Musica et Fally Ipupa.

Merci pour ce moment

Nous arrivons devant un snack-bar. Les voitures sont garées à même la chaussée. L’enseigne lumineuse sous laquelle nous traversons pour entrer dans la barrière porte l’écriteau « Pima bar.» Un bout d’homme en forme de piment, chapeau western sur la tête présente des chips. Une fois à l’intérieur de la barrière on se croirait à Sodome et Gomorrhe. La musique est aux décibels.  Les jeunes légèrement vêtus, fument, boivent et snifent la coke.

Nous nous regardons genre… on va où là ? Quand Mireille nous entraine dans la deuxième dimension du même site. Ici, la musique est moins forte. Les sofas occupent un côté de la salle et de l’autre, le comptoir. Il est achalandé de liqueur et de vin. Les murs sont couverts des portraits de quelques révolutionnaires africains. Mandela, Lumumba, Khadafi etc…  quelques adultes en bonne compagnie apprécient le moment.

Nous poursuivons notre chemin. Une autre porte s’ouvre au bout de l’allée. Ici, on se croirait dans un centre artisanal. Peintures, fresques et masques décorent les lieux. C’est chic et plus calme. Nous prenons nos quartiers là. On parle, on s’entend et écoute la musique. La soirée peut alors démarrer. Ce sera du vin, pour certains, de la bière pour d’autres et du whisky aussi. Comment partager ce moment sans cabri? J’ai aimé partager ce moment en compagnie de Mireille, Sylvestre, Sampérode, Halidou, Paméla, Serges, Jean Bosco et Norbert. J’étais la seule, non-personnel des Nations Unies dans ce carré. Merci à tous pour ce moment.

4 commentaires

  1. Belle aventure!!
    J’aime bien ta manière de raconter tes voyages, on a l’impression d’y être aussi!
    Sinon, la hiérarchie là… il y’a nuance . C’est la hiérarchie (D..M)où c’est la hiérarchie( lopaire)…? Je suis sure que plusieurs vont confondre hein! 😅
    Sinon, tu n’as pas un peu snifé juste pour l’expérience??…😅

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.