Cette couleur noire, brune… détestée dès le berceau

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« Waouh qu’elle est belle cette femme brune» L’auteur de ces propos détrompez-vous apprécie là  une personne à  la peau blanche, à  la peau claire. Comme beaucoup, il ignore peut-etre que le brun est tout ce qu’il y a de sombre. Mais restons dans cette expression habituelle, pourquoi pas ? Venons-en au sujet de ce post.

J’ai lu ce tweet de @JHairlover sur twitter le matin du dimanche 1er juin 2014, et ça a ravivé la flamme d’une colère qui m’anime depuis un certains temps. Son propos pris sur un autre réseau social dit ceci :  » @JHairlover Lu sur Facebook : « est ce que c’est vrai que le soda « lave » la peau de bébé dans le ventre »» Elle poursuit en s’étonnant, « @JHairlover C’est quoi cette manie de toujours vouloir « laver » sa peau ! Quand tu vois une fille qui tchoum (jargon camerounais pour dire se décaper), elle ne s’éclaircit pas, non elle lave son teint.» Terrible !
Le phénomène du décapage a pris de l’ampleur dans notre société. Tant chez les garçons que chez les filles. Tu fais la connaissance d’une personne un jour, quelques semaines après tu revois la même personne qui en fait n’est plus la même avec un teint plus clair par rapport à  votre dernière rencontre. Est-ce une frustration ? Est ce que c’est le fait d’avoir une mauvaise estime de soi ? Qu’est ce qui peut bien se passer dans la tête d’un individu jusqu’à ce qu’il décide un matin de changer sa couleur de peau ? Ce sont là  des questions auxquelles j’aimerais bien avoir une réponse. Bref !
Cette sacralisation de la peau blanche dite « brune » ne se limite pas seulement aux grandes personnes, mais commence au berceau, pour ne pas dire dès la naissance d’un bébé. J’ai en partie été une victime de cette catégorie de personne qui pense que le beau est « brun », clair, je ne sais plus trop. J’ai surtout vécu des scènes qui m’ont traumatisé et qui continuent de me hanter jusqu’à  présent. Elles se sont déroulées à  la maternité du Centre hospitalier de la Caisse nationale de Prévoyance sociale à  Essos, un quartier de la ville de Yaoundé, capitale politique du Cameroun. Je pense que ces cas ne doivent pas être uniques. Surtout qu’une de mes amis m’a fait comprendre récemment qu’un jour pendant sa grossesse, sans avoir rien demandé l’une de ses collègues lui a soufflé qu’il fallait qu’elle consomme beaucoup de carottes, pour que son bébé ait une peau claire de métisse. J’en connais qui dirait « grand Dieu, quelle connerie !»
Une jeune dame vient de donner naissance à  un joli petit garçon. Voici la réaction de l’infirmière accoucheuse « madame votre bébé est tout brun. Il y a les métis dans votre famille ? ». Là, ce n’est pas grave. Je me suis dit peut-être que l’hôpital a besoin de cette information pour le dossier du bébé. Que non. Grande a été ma surprise lorsqu’une autre dame, après de longue heures de souffrance (période de travail) réussie à  faire le même geste que la première. Pour être précis dans la petite histoire, elle a même failli y laisser sa vie. L’infirmière pas la même cette fois s’exclame « madame pourquoi votre bébé là  est noir comme ça ? ». A la seule écoute de ça, j’ai oublié ma douleur et je me suis dis intérieurement, est ce que cette femme ce rend compte de la bêtise qu’elle vient de dire. Est-elle capable de fabriquer un être humain ?
La scène du moment où toute femme qui a décidé de donner la vie est elle-même entre la vie et la mort est passée. Le bébé est né. On informe les tatas, les tontons, les collègues, bref, toute la famille et connaissance. Nous voici donc dans une chambre, où tout le monde peut rendre visite à  la nouvelle maman. Parmi les visiteurs, il y a d’une part : ceux qui viennent voir le nouveau venu dans la famille. La mère entend des petits mots du genre « qu’il est beauuu ton bébé », normale non, tous les bébés sont beaux, jolis, mignon et tout le reste.
Il y a aussi ceux qui viennent en tant que porte parole des gens du quartier. Cette deuxième catégorie, hum! faut s’en méfier. Quand ils arrivent, ils contemplent le bébé, regarde ses doigts, enlèvent son chapeau pour voir ses cheveux. Malheur à  toi si ce dernier n’a pas la couleur comme on dit chez nous « qui passe sur le marché». Du coup, la mère doit subir un questionnaire  « pourquoi ses oreilles sont noir comme ça?» tu as vu ses doigts ? Il sera noir ça c’est sûr». D’aucuns vont jusqu’à  dire que le bébé ne ressemble même pas à son père. Soyez-sur tout le quartier sera au courant une fois qu’il aura mis son pied hors de votre domicile.
J’ai fait ce récit pour que vous comprenez où commence cette affaire de couleur noire et de claire. Après ça suit l’enfant dans son développement jusqu’a l’âge adulte ou d’aucunes se disent baah c’est une couleur comme les autres, je l’aime ou d’autres qui se disent non c’est la couleur du diable il faut la laver. D’ailleurs ma collègue me disait encore ce matin. « Ma fille elle est noire et à l’école comme au quartier les gens ne cessent de lui rappeler ça. Pour la réconforter je lui dis ma belle la couleur noire c’est la meilleure couleur qui puisse exister qu’on ne te trompe pas.» Bon conseil ! Seulement sera-t-elle capable de supporter cela une fois grande ? Question à  10.000 FCfa. Weuye, c’est mon niveau tu crois que quoi ? Un parent qui « lave » déjà  son enfant dans le ventre quel conseil prodiguera-t-elle à  son enfant une fois qu’il sera majeur ?
Mais la grande question qui reste et demeure c’est celle que s’est également posée @JHairlover « Donc la peau noire pour vous est sale hein? #VestigesDeLaColonisation #MentalSlavery. Elle implore celles qui se décapent ou sont sur le point de le faire de Emancipate yourselves ladies. You are beautiful ! L’artiste musicien Nigérian Flavour le corrobore d’ailleurs dans son titre #Black is Beautiful.

Et oui ! Elle a si bien dit #MentalSlavery. Pourquoi les gens ont encore cette mentalité du colonisé ? Elles souhaitent à  tout prix et à  tout les prix ressembler au colonisateur, de peur de subir le châtiment de ce dernier, pourtant elles (la plupart) n’ont pas connu cette époque.
Et dire qu’il n’y a pas que ça. Ah oui! Malheureusement cette histoire ne se limite plus seulement à  éclaircir la peau. D’aucunes vont jusqu’à  changer complètement de visage voir d’identité. @PaolaAudrey le faisait remarquer dans un de ses tweet, « Elle a refait le nez, les seins, les fesses, la taille. Et s’est éclaircie la peau. J’espère que le succès qu’elle cherche va suivre». A la fin de ceci je me demande comment peut-on avoir du succès auprès des personnes qui ne nous reconnaitront pas ou plus ?
Chères mamans arrêtons ça. Si l’Afrique est le continent noir ce n’est pas pour rien. En tout cas, moi, je suis noire. J’aime ma couleur ébène et pour rien au monde je ne la changerais.

Armelle Nina Sitchoma

Un commentaire

  1. C’est bien pour la maman qui dit à sa fille qu’elle a la plus belle couleur de beau. Elle a la couleur de Michèle Obama. C’est important que maman le dise. Car l’éducation commence par les parents. La psychologie démontre d’ailleurs que tout part des parents. (on t’expliquera que tu es ci parce que tes parents étaient comme ça). Donc, bravo à cette maman qui mène le combat aux cotés de sa fille. ça semble infime, mais c’est important. Il y aura toujours des apprentis sorciers pour stigmatiser les albinos, les noirs, les métis (cacao café), les blancs (cochon gratté). Ce qui compte c’est ce que tu penses de toi et de de ce que tes proches pensent de toi. Le reste n’est que le reste. Du courage jeune bloggeuse! continue seulement ooo

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