Las de crier dans les plantations sans secours, ils sont venus à la direction générale de la Société camerounaise des Palmeraies à Douala pour ouvrir des négociations afin que les 20.000 hectares de terres qui leurs reviennent leurs soient effectivement rétrocédés par ladite entreprise.
«Puisque c’est l’huile qui vous intéresse, nous sommes venus avec 80 litres d’huile de palme pour que vous nous restituez nos terres », interjette Emmanuel Elong, le président de la Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun. Environ 200, venus des plantations de Dibombari, Mbambou, Dizangué, trois régions dans lesquelles sont implantées les palmeraies de la société Socapalm, ces riverains se sont regroupés au quartier Akwa à Douala le 31 Mai, jour de la tenue de l’assemblée générale du groupe Socfin, pour converger en masse vers la direction générale de la Socapalm à Bonanjo. Ils étaient porteurs d’une lettre avec pour objet : « demande de rencontre pour résolution des conflits » adressée au directeur général de la Socapalm. Face au refus de la direction de ladite entreprise de les recevoir, les manifestants ont crié leur ras-le-bol devant la direction pour revendiquer la libération de leur terre par l’entreprise de palmerais.
Ils dénoncaient entre autres l’exploitation abusive de leur terre sans aucune retombée en matière de développement. « Oui au respect des accords Etat/Socapalm : bail emphytéotique, convention de cession, avenant au bail de emphytéotique », « le respect de vos engagement vous rend crédible », « arrêtez de polluer notre environnement », pouvait-on lire sur des banderoles tenues par les paysans postés à l’entrée du stade Mbappe Leppe à Akwa, point de rencontre des différentes délégations avant la convergence pour la direction générale de Socapalm sise à Bonanjo. « Les délégations venaient de trois régions du pays. Dès qu’elles devaient être là, nous devions nous diriger à la direction générale de la Socapalm pour aller remettre le courrier et de l’huile de palme brut à la direction Socapalm. Malheureusement, avec les embouteillages de la ville toutes les délégations ne se sont pas retrouvées à la même heure.
Nous étions environ 200 personnes avec 150 qui arboraient des t-shirt Synaparcam et le reste en noir. Cet attroupement a attiré l’attention des forces de maintien de l’ordre et là, le commissaire principal du Commissariat Central N 1 est venu et a demandé le but du rassemblement. Je lui ai expliqué en montrant la photocopie du courrier qu’on veut aller déposer à la direction Socapalm », raconte le président de Synapacam.
La promesse faite par le commissaire n’a pas été respectée. « Il a pris ce courrier et est allé rencontrer le DG en me disant que s’il accepte de nous rencontrer, il reviendra vers nous pour nous encadrer afin qu’on aille remettre le courrier. Malheureusement, 2 heures après, il n’est jamais revenu. J’ai pris la peine de m’y rendre et une fois sur place j’ai vu un cordon de policier. Même les piétons n’entraient plus. Placé dehors, j’ai vu le commissaire sortir et partir. Je croyais qu’il revenait au stade d’Akwa, il n’est plus revenu et nous avons décidé de rentrer après avoir constaté que les FMO n’ont pas voulu qu’on accède dans les locaux de Socapalm », explique Emmanuel Elong
Cette manifestation dans la ville de Douala est la énième organisée par ladite association. Depuis le 5 Juin 2013, elle se bat avec ses moyens et les armes à sa disposition pour rentrer en possession de ses terres occupées par la Société camerounaise des palmeraies, filiale de la Socfin, groupe Belgo-luxembourgeois, actionnaire majoritaire avec 50,2% et dont l’Etat Camerounais détient 10% du capital. En avril 2015, les riverains à travers la Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun, ont manifesté, bloquant les activités au sein dudit groupe pendant 5 jours. Un mouvement qui a d’ailleurs causer des pertes estimées à 700 millions de Francs Cfa à la Socapalm selon leur direteur général adjoint de l’époque. Les responsables de Socapalm avaient alors ouvert des négociations non pas avec la Synaparcam mais avec les chefs traditionnels, impliqués dans les activités de ladite entreprise. Une situation que décrie les responsables de la Synergie. La Synaparcam c’est 42 groupements de villages et plus de 1050 cartes de membres déjà distribuées. Elle réclament le respect des limites des plantations, la rétrocession des terres prévues et le respect d’un espace vital autour des villages. En face, on fait la sourde oreille et indique que la Société camerounaise des palmeraies n’est pas propriétaire des terres, elle loue des terres et paie un loyer à l’Etat du Cameroun, dit le secrétaire général.
Les préfets et les sous-préfet des zones concernées qui devait jouer le rôle de gendarme indique que « tout se décide à Yaoundé. » Un problème foncier qui vient s’ajouter à la longue liste des problèmes fonciers existant au Cameroun. Que fait l’Etat du Cameroun à travers le Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières pour que ces populations paysannes rentrent dans leur droit ? Une question qui demeurera comme cet appel au secours des riverains sans réponse. Tutefois et comme le dit si bien l’adage
« tant qu’on ne cesse de te poursuivre, tu ne cesseras aussi de courir « , les populations jure mordicus que tant qu’ils seront riverains de la Socapalm et que la socapalm sera implantée sur leurs terres, ils ne cesseront de mener ce combat.