L’auteur des recueils « Noël au fin fond d’une cellule » et « Il était une fois ma vie » revêt une cape à deux acteurs opposés pour balader le lecteur au cœur des déboires sentimentaux et des fléaux sociaux qui minent le quotidien des Camerounais.
– Restez debout monsieur l’expert en droit, je ne vous ai pas autorisé à vous asseoir. (…)
– Tiens? Je pensais que tu allais me réciter tes droits. As-tu perdu ta verve? (…)
– Un certain Magistrat a appelé le Commissaire ce matin pour ton cas…
Oncle Nicos, il devait s’agir de son ami Magistrat. Je respirais une bonne bouffée d’air, peut-être, il y’avait un début de solution à mon problème.
– Le Commissaire étant en congé maladie, il me l’a passé et je lui ai expliqué la situation à ton Magistrat. Tu resteras ici aussi longtemps que ton frère ne se pointera pas.
– Mais monsieur l’Inspecteur…
– On aurait pu négocier ça autrement, comme pour ton ami qui est sorti samedi. Mais puisque tu as voulu me montrer que tu as le bras long, je vais te montrer aussi qu’ici c’est nous qui décidons. Rectificatif, c’est moi qui décide, en l’absence du Commissaire. Première décision donc, tu retournes tout droit en cellule. Deuxième décision, tu es privé de visite jusqu’à nouvel ordre ! (Mais …) – Troisième décision, je ne veux plus entendre le timbre de ta voix. En cellule !
Noël au fin fond d’une cellule
Cet extrait ne vous est pas inédit. Du moins, pour ceux qui ont déjà eu maille à partir avec les gendarmes ou les policiers dans un commissariat ou une gendarmerie au Cameroun. Ce récit est contenu dans le chapitre 8 intitulé « Des abus à la pelle » du recueil de nouvelle « Noël au fin fond d’une cellule » de l’écrivaine Raissa Mengada.
C’est l’histoire de Thierry. Un jeune débrouillard camerounais qui n’a pas fini de relever ses défis de chercheur d’emploi, qu’il se retrouve, le soir du réveillon de noël, arrêté et jeté en cellule à la place de son frère. L’auteure, à travers sa plume châtiée, esquisse des schémas pour amener ce dernier à sortir de là, alors qu’il n’est le fils de « personne ». Sa famille n’est pas nantie. Comment en sortir alors qu’il a réussi à se mettre à dos l’inspecteur de police qui assure l’intérim du patron du commissariat, qui a juré de le laisser croupir en cellule?
Les 11 nouvelles du recueil, baladent le lecteur dans les ruelles et quartiers de la capitale du Cameroun. A travers celles-ci, Raissa Mengada crée un décor qui suscite de la sympathie vis-à-vis de l’infortuné. Condamnée à passer les fêtes de fin d’année en cellule, l’auteure profite pour immerger le lecteur au cœur des maux comme l’abus de pouvoir, la corruption, en passant par la malhonnêteté, la trahison, l’injustice, l’irresponsabilité et le non-respect des droits de l’homme, etc.
Quand la secte s’invite dans le couple
Près de Thierry, vit Marceline. Loin de la précarité qui partage le quotidien du premier, l’héroïne du deuxième recueil de nouvelles de Raissa Mengada raconte l’histoire d’une jeune et talentueuse avocate à la carrière prometteuse. Partie d’une mauvaise expérience amoureuse, elle se retrouve dans un engrenage vicieux. Elle mène une vie de ‘’Jet-setteuse’’ dans la métropole économique, Douala. Marceline finit par épouser un médecin qui semble doué en affaires.
Le couple vit heureux avec ses 5 enfants. Jusqu’au jour où, une secte ésotérique frappe à la porte de leur bonheur. Élevée par des parents catéchistes, elle doit faire le choix entre rejoindre la secte que lui impose son époux pour sauver son mariage et sa carrière ou refuser d’adhérer, au risque de perdre jusqu’à ses 5 enfants déjà enrôlés.
Tant qu’il y a la vie, tout est possible!
Deux recueils. Tous tirés des histoires vécues. Pas forcément par l’auteure. Mais, par des personnes autour d’elle. « Ce sont des réalités à laquelle je colle des personnages et des lieux fictifs. Des réalités de tous les jours, dans laquelle plusieurs Camerounais n’auront aucun mal à s’identifier», précise Raissa Mengada. Le premier livre dénommé «Noël au fin fond d’une cellule» a 71 pages et est réparti en onze actes. Des histoires romancières, passionnantes les unes que les autres. Contées dans un style narratif. Le second «Il était une fois ma vie » a 75 pages et sept chapitres d’histoires.
A travers l’héroïne, l’auteure présente l’ambiguïté de la condition humaine. Elle questionne la conduite à avoir face aux sectes qui gangrènent nos familles et sociétés, non sans faire ressortir une lueur d’espoir. Les deux recueils sont une préface de Jean Paul Messina. Edités et publiés aux éditions Presses de l’UCAC et disponibles à la librairie des Peuples Noirs au prix de 5000.Fcfa, chacun.
Raïssa Eloundou Mengada est une communicatrice et auteure de « Pourquoi Moi? »