La presse camerounaise doit sortir de la précarité

IMG-20160503-WA0000[1]Un, deux, trois, quatre, neuf mois. Un an voir deux sans salaire pourtant de lundi à  vendredi le journal parait. Les frais de reportage sont devenus un précieux sésame dont seul les plus chanceux en bénéficie dans les rédactions. Le contrat de travail n’existe pas dans la plupart des médias. L’affiliation des travailleurs des médias à  la Caisse nationale de prévoyance sociale tarde encore. La précarité dans la presse camerounaise n’est plus à  démontrer. « Le journaliste vend la qualité de son travail. Cette qualité a tendance à  s’effriter car les journalistes ont mal à  leur chair. Il y a un ensemble d’outils qui manque et favorise cela, comme la convention collective qui n’est pas appliquée. Ce qui constitue un frein. Il y a aussi l’affiliation à  la CNPS. Il faut tout faire pour cela. L’employé doit l’exiger lors de la signature de son contrat. Parlant des problèmes de paiement de salaires qui interviennent souvent, il y a les annonceurs qui ne paient pas à  temps et les impà´ts qui resserrent l’étau autour des médias », témoigne Frederick Boungou, Directeur de Publication du quotidien Le Messager.

Le Directeur de la publication s’exprimait ainsi ce mardi 3 mai 2016, à  la place du gouvernement à  Bonanjo à  Douala, où une trentaine de journalistes réunis au sein du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) se sont rassemblés pour célébrer la 26ème édition de journée mondiale de la liberté de la presse. Une édition qui a pour thème « Accès à  l’information et aux libertés fondamentales – C’est votre droit » Mais, comment être libre dans un environnement de travail où tout est précaire ? Comment ? Toutefois, Denis Nkwebo, président du Snjc dans son message aux journalistes a indiqué que « Le Syndicat national des journalistes du Cameroun invite les travailleurs des médias du Cameroun, à  s’approprier le combat pour un libre accès à  l’information. Ce combat auquel ils sont ainsi invités, amorce la nouvelle phase d’une longue bataille qui vise, au bout du compte, à  l’établissement d’une corporation des journalistes libres et dignes. »

Des journalistes libres et dignes. Mythe ou réalité demanderait quelqu’un. Je dirais plus que ça ressemble plus à  un mythe qu’à  une réalité dans un pays où le journaliste est clochardisé et le laissé pour compte. La plupart dans les rédactions n’osent même pas revendiquer ou faire valoir leur droit de peur d’être mis à  la porte. Bref le SNJC veut mettre un terme à  cela. « La liberté et la dignité des journalistes sous-entendent la mise en place des conditions et des facilités nécessaires à  une bonne pratique professionnelle, dans le respect absolu et inconditionnel des règles d’éthique et de déontologie universellement reconnues », a dit Denis Nkwebo avant d’ajouter « le Snjc demande aux pouvoirs publics de protéger les journalistes et les travailleurs des médias, contre la précarité dans laquelle ils sont plongés. Une telle protection passe par l’application immédiate et sans condition de la Convention collective. »

Comme pour mettre le pied à  l’étrier, le syndicat va mettre sur pied un fond de solidarité et d’aide à  la presse et aux journalistes en difficultés à  hauteur 5 millions. D’ailleurs le président a déjà  contribué à  hauteur de 300.000 F.Cfa. Pour la même viabilisation économique des entreprises de presse, le ministère de la Communication annonce la création prochaine d’un compte d’affectation spécial pour l’aide aux médias. L’argent de ce compte viendra améliorer le cadre de travail des journalistes surtout ceux de la presse privée.

Vivement la concrétisation de ces projets et l’amélioration des conditions de travail des journalistes pour qu’enfin le blason de la presse au Cameroun soit redoré.

Armelle Nina Sitchoma 

journée de la liberté de la presse

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