Sur les traces de Um nyobe

Une trentaine environ, partis de Yaoundé, Douala et de Dschang dans la Région de l’Ouest, ils se sont rendus dans la ville d’Eseka, sur la tombe de UM Nyobe , le pionnier de l’indépendance du peuple Camerounais. Ils sont allés rendre visite à  sa veuve Marthe Um, qui les a conté sa version de l’histoire du maquis.

Du centre ville d’Eséka pour le lieu-dit « cimetière Protestant », il faut environ 5 minutes en voiture sur un sentier non bitumé. Une fois sur place au quartier Briqueterie, c’est de la brousse. Une très belle verdure d’ailleurs. Sauf qu’ici, le lieu n’est pas indiqué. Il faut prendre une piste, l’état de celle-ci montre qu’elle a été récemment aménagée. A la fin de cette piste, un arbre. Derrière cet arbre, une tombe. C’est celle de Ruben Um NYOBE. Cette figure emblématique du Cameroun y repose depuis 56 ans déjà .IMG-20141012-03051 Ce dimanche 12 octobre 2014, un groupe de jeunes, des étudiants, blogueurs et travailleurs se sont rendus sur la tombe d’Um NYOBE. Leur objectif, communier avec celui-là  qui a bataillé jusqu’à  donner sa vie pour que le Cameroun soit indépendant et retracer leur histoire par eux même. Autour du sépulcre de Ruben Um NYOBE, ils se sont recueillis. La rencontre a commencé par une minute de silence à  la mémoire de ce grand homme. Puis, Ulrich TADADJEU, historien, a fait un conte sur le parcours, la vie, les combats et la mort de ce héros.

A sa suite, des témoignages, il y en a eu. Des messages et des émotions n’en parlons plus. Des promesses. beaucoup plus. Quelques morceaux choisis des confidences. « Um NYOBE je ne connaissais que quelques bribes de son histoire, mais gràce à  ce récit d’Ulrich et à  ce voyage je suis plus édifié. » « Je ne vais pas revenir sur ce que les autres ont dit, Um NYOBE merci d’avoir été ce modele pour nous. Merci d’avoir combattu le bon combat.» Il y a aussi eu des doléances « je déplore surtout le fait qu’aucun aéroport, port, boulevard, école, hôpital et même bar et snack ne porte le nom « Um Nyobe » au Cameroun. » Même la théorie du complot a été évoquée. « Je commence à  soupçonner le système scolaire de mon pays de faire de la rétention d’information. J’ai tellement appris today. ça a créé en moi une soif d’en savoir plus, de plus creuser pour (re) découvrir l’histoire de mon pays, mon histoire.» Une promesse à  laquelle toux ceux qui étaient de l’expédition ont promis de réaliser à  savoir lire davantage des ouvrages sur le Cameroun et écris par ses pairs.

Après ce moment qui a duré plus d’une heure, retour au centre ville d’Eséka, séance de photographie sur le monument du « Mpodol », bâti juste devant la « colline Ikoa Mpodol », la colline du Messager qu’il était. Une oeuvre d’art réalisée par la mairie avec le soutien de Frederick KODOCK en 1995, tel qu’informe Bergeline DOMOU, la guide de circonstance.

Visite chez madame Um NYOBE

Le moment le plus fort, riche en émotion de ce pèlerinage fut celui de la rencontre avec Madame NGOMAYACK Marthe François Georgette, plus connue sous Marthe Um, l’épouse de Um NYOBE. Du haut de ses 88 années, elle tient encore sur ses deux jambes. Le poids de l’âge n’a rien enlevé à  sa beauté d’antan. A l’aide de sa canne qu’elle tient de sa main droite, maman Marthe est venue elle-même accueillir le groupe devant la porte. Sa joie, elle ne l’a pas cachée. « Je suis heureuse que vous ayez pensé à  moi », a-t-elle dit.

IMG-20141012-03090 Raconter sa vie auprès de Ruben Um NYOBE fut un exercice plein d’émoi. D’ailleurs plus de 56 ans après, elle s’en souvient comme si c’était hier. Dans un exercice difficile, dans la langue « Bassa » approximatif des traducteurs, on a pu retenir quelques grandes lignes. « J’ai fait 4 années de maquis avec 2 ans passés auprès de mon mari. Notre principale activité était la survie. Avec 4 enfants à  notre charge, la priorité de mon mari était les enfants et moi. Quand il allait dans le maquis, il mettait 4 gardes du corps pour nous protéger les enfants et moi. Ces moments, nous vivions dans des cases de fortune, juste des piquets couverts de branche d’arbre. Il nous arrivait de faire 3 jours sans manger parce qu’il n’avait pas pu sortir du maquis pour nous apporter de la nourriture. La vie dans le maquis s’était au jour le jour, pas de planning rien. Après 2 ans auprès de lui et compte tenu de ma situation, il a trouvé judicieux que j’aille chez son oncle avec les enfants. Là , j’ai fait 2 autres années avant qu’un jour on ne vienne m’annoncer la triste nouvelle».

Le 13 septembre 1958. Fut ce jour, où tout a basculé dans la vie de maman Marthe et ses 4 enfants. Elle apprend via les messagers que son mari a été capturé et tué par l’armée française. Ce dernier est par la suite traîné sur plus de 40 km derrière une voiture. Il est complètement défiguré quand il est remis à  Jean Emile SONG, pasteur de l’église Protestante d’Eseka de cette époque. Un homme fort de caractère qui a pris sur lui d’inhumer Um NYOBE quand les autres refusaient.

A l’évocation de comment elle a réagi à  l’annonce du décès de son époux, sa mine a changé. D’une voix tremblante et comme hantée par le souvenir de cet épouvantable jour, elle n’a pas souhaité réagir sur le sujet. Par la gràce de Dieu et des bienfaiteurs elle a pu s’en sortir. « Après le maquis je n’avais plus de maison. J’ai vécu 14 années dans des conditions pénibles. Par la suite, j’ai construit une maison qui a été brûlée par l’Etat. Mes enfants étaient alors obligés de partir de Songmpeck pour Mboumnyébel pour l’école. Ce qui était très difficile. Un jour, un bienfaiteur nous a offert ce terrain sur lequel nous avons bâti notre maison ici à  Mboumnyébel », raconte maman Marthe. C’est dans cette demeure dans la ville de Mboumnyébel, qu’elle y vit jusqu’à  présent.

Um NYOBE, la légende

Um NYOBE est un personnage avec une histoire riche et dense qu’on ne pourrait le décrire en quelques mots. Selon le mot laissé par l’une de ses filles et en bref, Um NYOBE Ruben François Georges, surnommé « Mpodol » est un dirigeant camerounais et précurseur des indépendances en Afrique francophone. Il est né en 1913 à  SongMpeck, à  7Km de Mboumnyébel dans l’arrondissement du Nyong Ekelle, de NYOBE NSUNGA et de NGO UM MONOS. Il perd sa mère à  la naissance et passe son enfance auprès de son père à  SongMpeck. Il fait ses études primaires et élémentaires à  l’école publique d’Elanga, près d’Eseka, puis à  l’école de Sack Bayemi avant de finir à  l’école de Foulassi. Très tà´t, il entre dans la vie professionnelle. Il est d’abord instituteur des écoles primaires. Dans les années 40, il intègre le ministère des Finances de cette époque. Il passe par la suite le concours de greffier. Après cela, il est affecté tour à  tour à  Ngambe, Eseka, Ngambe et enfin la ville de Ngaoundéré, d’où il démissionne et reviens dans la ville de Douala. Là  commence sa vie syndicale et politique.

En 1948, il intègre le mouvement de l’Union des Populations du Cameroun pour se faire entendre et mieux faire retentir son combat, un Cameroun Uni et Libre. Il entre dans le maquis en 1955 et meurt le 13 septembre 1958. Fils unique de sa mère, il avait un frère et une sÅ“ur issus d’une seconde noce de son père. Il se marie en 1944 à  Eseka avec Marthe NGO MAYACK. Il laisse plusieurs enfants dont 5 sont encore en vie. Il hérite le prénom Ruben de son tuteur et se donne lui-même les prénoms François Georges, qu’il attribue aussi à  son épouse en féminisant.

Ce voyage fut aussi une occasion pour tous ceux qui y ont participé de faire un approvisionnement en fruits. Même ceux qui n’ont pas l’habitude d’en consommer, vu le coà»t dérisoire s’y sont donnés à  cÅ“ur joie.

Ce projet de pèlerinage sur la tombe de Um NYOBE qui a mobilisé nombre de jeune tant sur le terrain que sur la toile, a été initié par le blogeur Florian NGIMBIS. « L’idée du projet est partie d’une conversation avec des amis sur Twitter le 13 septembre 2014. Ce jour là  on commémorait l’anniversaire de la mort de Um NYOBE survenue le même jour en 1958. Je m’offusquais de ce que rien n’était fait alors que UM NYOBE est un Héros national qui plus est, père de notre indépendance. J’étais tellement énervé que sur un coup de tête, j’ai décidé d’organiser un pèlerinage.» Sur le coup, il a impliqué la Fondation Yes Africa, le collectif des blogueurs camerounais et des particuliers qui chacun à  sa manière lui est venu en aide.

Il a du beaucoup saigner pour nous offrir cette belle promenade sur les terres du Nyong Ekelle.

Pour ce jeune, ce qu’il appelle « Les Circuits de la Mémoire », est une idée qui permet de faire des excursions sur les lieux oubliés de l’histoire de notre pays. Après UM NYOBE, Florian annonce déjà  une seconde excursion sur la tombe d’un autre martyrs et héros.

Armelle Nina SITCHOMA

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