Les voyants étaient au vert. La motivation y était. Je ne sais à quel moment j’ai été emportée dans le flot de … Trêve de bavardage. Pour cette nouvelle aventure, Sitchoma vous parle de son séjour en Rdc.
Libreville, le 14 juin 2022. … Madame… Le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) a le plaisir de vous inviter au « Forum régional pour le développement d’un projet de stratégie régionale et de plan d’action pour la prévention et la lutte contre les discours de haine en Afrique centrale », qui aura lieu du 21 au 24 juin 2022 à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC).
Le Forum fait suite à une série de rencontres régionales sur cette question et auxquelles vous avez contribué, en l’occurrence la réunion de Douala (26-29 octobre 2021) et celle de Bangui (26-29 avril 2022). Cette invitation vous est adressée en votre qualité de représentante des participants du Forum de Bangui, dont vous présenterez les principales conclusions et recommandations à Kinshasa…
Piiim ! C’est ainsi que le mail arrive dans ma boite, un mercredi du mois de juin à exactement 12h. J’ai quatre jours pour préparer le voyage. Demander une permission, trouver un logement, avoir un visa, mobiliser les liquidités avant de prendre la route pour Yaoundé d’où décollera mon vol.
390 Dollar le visa pour Kin
Le jeudi démarre avec la procédure d’obtention de mon visa. Ne sachant si la République Démocratique du Congo a un consulat à Douala, j’ai opté pour un visa en ligne tel que recommandé par les organisateurs. La première étape, déposer le dossier sur la plateforme support eVisa RDC. J’ai souffert. Mais comme l’adage dit souvent, impossible n’est pas Camerounais. Sur la plateforme, on demande des informations personnelles sur le preneur en charge. Est-ce que j’ai alors les infos-là? Je lance et relance le concerné, rien. Je crée mes données et rentre sur le site. L’étape se clôture après plusieurs tentatives par le paiement de 50 dollar USD. Une fois le dossier étudié et accepté, je reçois une proforma de la Direction générale de migration (DGM). Elle me demande de verser la somme de 250 dollar USD pour un eVisa volant ordinaire.
Moi : les 50 USD que j’ai versé c’était pourquoi?
Mon interlocuteur là-bas : Ce sont les frais d’enregistrement du dossier. Avant d’ajouter, si on vous accorde le visa, vous devrez encore payer 90 dollar une fois à Kinshasa.
Je me suis rappelé du débat sur les frais visa pour venir au Cameroun. J’ai seulement ri et poursuivi le processus. J’étais déjà mouillé gar et mouillé c’est mouillé.
Vendredi 17 juin 2022 se lève avec son lot de stress. Je n’ai pas encore les 250 dollar. Je supplie ma hiérarchie qui paie encore ces frais comme les 50 premiers USD. Il est 21h quand je réussis enfin avec la deuxième étape de la procédure d’obtention de mon visa. Un mail de la DGM me félicite pour l’obtention de mon eVisa avec comme pièce jointe, une copie dudit visa, tout en me rappelant que ce document me permet d’embarquer dans une compagnie aérienne et de me présenter à un poste frontalier afin d’obtenir un visa aéroportuaire ou portuaire qui donne droit à un séjour de 7 jours. Sans blague! Tout ceci pour 7 jours?! Sans oublier que je dois encore débourser 90 USD sur site.
Après le stress du visa vient celui du billet d’avion. Jusqu’à samedi 18 juin, je n’ai toujours pas mon billet d’avion. Avec le voyage de Bangui, j’ai appris à rester zen face à certaines situations. Sauf qu’ici, les organisateurs m’indiquent que mon vol se fera à partir de Yaoundé. Le premier départ indiquait pourtant Douala. Que faire? Je prends quand même le risque. Samedi, 14 heures, je saute dans un bus, direction… Yaoundé. Avec en prière, la confirmation de mon départ via Nsimalen. Surtout que les deux départs étaient pour la mi-journée. Je suis installée dans la capitale politique quand le mail contenant mon billet arrive. Le type d’avion dans lequel le voyage sera fait concourt à baisser l’adrénaline. Un dreamliner. C’est ma première et j’appréhende ce moment. Après Yaoundé, on a une escale à Libreville, un arrêt à Addis Ababa avant de rallier Kinshasa.
Mboté Na Yo Kinshassa
Dimanche 19 juin 2022. Nous sommes le jour-dit. Il est 10h50 quand j’arrive à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Le chauffeur de taxi que j’emprunte, opte pour l’autoroute Yaoundé-Nsimalen, même si cette dernière n’est pas encore officiellement ouverte à la circulation. Le trajet qui auparavant prenait 1 à 2 heures sans compter les gigantesques embouteillages, nous prend à peine 30 minutes. A l’entrée de l’espace aéroportuaire, un monsieur m’accoste et me demande si j’ai des aliments dans mes bagages? Je réponds par la négative. En tout cas, le tapioca et le tartina que je transporte je ne considère pas ça ainsi. Une fois l’enregistrement validé, rallier la salle d’attente prend à peine 5 minutes. À 12h22, le vol ayant à son bord la représentante des participants de Bangui au forum de Kinshasa décolle du tarmac de l’aéroport international de Nsimalen. Destination…. Aéroport international de N’djili.
Le Boeing 787-8 porte bien son standing. 3 rangées et 3 compartiments de sièges. La nourriture est de qualité. Le vin à volonté. Il est minuit 30 minutes quand l’avion atterrit sur le sol congolais. Apres l’escale de Libreville et le transbordement d’Addis. Je descends et je suis la file devant moi. Personne ne prête attention au port du cache-nez. D’ailleurs, personne du service en place n’en porte. La fatigue se lit sur les visages non seulement des passagers mais aussi du personnel aéroportuaire.
J’arrive à mon tour devant la cabine de check-out. Après vérification de mon passeport, je suis conduite par un policier dans un bureau non loin. A l’intérieur, une dame, mature, le visage serré, m’accueille. Elle semble sortir d’un sommeil profond. Le morceau de pagne qui lui a servi de couverture traine et une partie recouvre encore son corps, de la taille aux pieds. Madame vous êtes ensemble? Questionne la dame en pointant un homme blanc juste derrière moi. Je fais NON de la tête. Elle me tend une fiche à remplir. « ça va faire 90 USD madame !» Une fois le montant à sa disposition, elle cachette mon passeport et me voilà gratifié d’un visa de 7 jours en terre congolaise.
Je récupère mon passeport et me dirige vers la salle de débarquement des bagages. Elle est presque vide. Quelques passagers attendent leurs valises. Je veux me joindre à eux quand je suis interceptée par un jeune homme. Il m’aborde en lingala. Moi euh… vu l’expression de mon visage il transite en un français approximatif. Le monsieur me demande de lui remettre mon coupon de bagage. Je m’exécute, convaincu que c’est la procédure. Nous restons là. Les minutes s’égrènent, les valises font et refont le tour du tapis roulant, toujours aucune trace de la mienne. Milles et une pensée me traversent l’esprit. Mon cerveau enregistre déjà que mes sacs sont restés à Addis quand une lueur apparait.
La première valise fait son entrée. La deuxième enfin. Je regarde le monsieur avec mon coupon, il ne réagit pas. La scène des porteurs de Nsimalen qui approchent avec des chariots comme pour t’aider jusqu’à ce qu’ils t’exigent un montant à payer pour le service, me revient. Je me demande toujours quelle réaction j’attendais de sa part (rire). Je récupère mon bagage. C’est à ce moment qu’il s’approche et veut le récupérer de mes mains. Je le stoppe sur le coup et récupère mon coupon avant de m’engager sur l’allée. Il me talonne et tient absolument à prendre mon colis. L’allée qui donne sur la sortie de l’aéroport est obstruée de badauds et le gar se fait insistant.
Que l’aventure kinoise commence !
Selon le comité d’organisation, un chauffeur devait nous attendre dès notre arrivée à N’Djili. J’ai beau lever la tête, je ne vois personne, ni une paque de la Monusco. Je cherche à retrouver les autres Camerounais avec qui nous avons pris le départ depuis Yaoundé. Ils sont là. Encerclés eux aussi par un groupe de jeunes qui leur proposent leurs services. Dans un mélange de français et de lingala, ils demandent « Vous allez où ? On peut vous amener si vous voulez. Donnez le contact des gens qui vous attendent on appelle ! » Plus le temps passe, la foule s’agrandit autour de nous. Nous sommes comme encerclés dans l’aéroport et nos sacs tiraillés de part et d’autres.
1heures 30 minutes du matin. Plus d’une heure après notre arrivée, toujours aucune navette. Las d’attendre nos hôtes, et ne pouvant les contacter (pas de wifi à l’aéroport), nous décidons de prendre un chauffeur en course. La quantité de dollar qu’il demande pour l’opération… augure que nous n’allons pas à la porte d’à côté. Après avoir fait rentrer les bagages dans une malle recouverte à moitié par du papier plastique, le chauffeur passe du côté droit et prend place. Vous l’avez compris, son volant est à droite. Nous nous engouffrons dans les ruelles vides de la commune de Masina. Heureusement, elles sont parsemées d’éclairage. Le véhicule de notre chauffeur lui, n’a pas de phare et nous n’échappons à aucune crevasse sur la chaussée au moindre noir.
Il est presque 2h du matin quand je suis déposée devant l’hôtel qui m’hébergera durant mon Séjour. Le Relax hôtel. La porte d’entrée est barricadée. Les vigiles et les réceptionnistes à l’intérieur de la salle d’attente dorment déjà. Sous mes coups sur la porte, ils finissent par ouvrir. Ce qui permet aux autres de poursuivre leur chemin. Je passe à l’enregistrent et souhaite payer la première nuitée comme précisé lors de la réservation. Le jeune homme me dit que ce n’est pas nécessaire et me conduit à ma chambre. Je respire enfin, l’aventure Kinoise commence.
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