Douala : Un gang de malfrat sème la terreur à Babylone

Le calme semble peu à peu revenir au quartier new-bell à Douala au Cameroun ce jeudi 16 mars 2017. Il est 12h 35 minutes. Les commerces sont ouverts. Les gens vont et viennent à pied, moto et taxi. Toutefois au lieu-dit Babylone, les tensions sont perceptibles. Des jeunes sont assis sur les vérandas des domiciles le long de la rue. La mine serrée pour certains, le visage renfrogné pour d’autres. Installés aux deux entrées de ce secteur, des jeunes, gourdins, lattes, couteaux pour les uns, machettes et fouets pour les autres, ils empêchent que les conducteurs de mototaxis empruntent cette allée. « Les motos ne passent pas ici. Seul les taxis et voitures personnelles peuvent entrer », lancent-ils avant d’obliger ces derniers à rebrousser chemin. A Shell New-bell, une patrouille de gendarmes et de policiers sont en faction.

Le gouverneur de la Région du Littoral et le Sous-préfet de l’arrondissement de Douala 2 CF: Jules Epoh

Que s’est-il passé pour qu’on en arrive là, me demanderiez-vous?

Selon les témoignages concordants, tout a commencé dans la nuit de lundi à mardi. Un présumé bandit, un jeune du nom de Aboubacar Issa trouve la mort au lieu-dit Babylone au quartier New-bell. Les membres de sa bande informé, dans un désir de vengeance vont faire une descente armés de machettes, couteaux, gourdins et lattes sur les lieux. Ils vont encercler et balayer le quartier de fond en comble. Rackettant, tapant et blessant tous ceux qui étaient sur leur passage. Ils vont emporter avec eux chaussures, habits, téléviseurs, téléphones portables, bref tous les objets de valeur.  « J’ai vu des gens avec des machettes et des gourdins en mains. Ils sont entrés dans mon bar, ont demandé téléphones, bijoux, argents à ceux qui étaient là et ont continué chez le voisin », témoigne une victime. « Je rentrais de la chorale j’ai vu comment les gens qui couraient et je me suis seulement mise à courir.»

Le mercredi 15 mars les mêmes personnes, une vingtaine environ, en allant enterrer le mort au bois des singes, vont passer par Babylone pour promettre une autre descente punitive le soir. Les chefs de quartier et les jeunes vont alerter les éléments des forces de maintien de l’ordre, qui ne viendront malheureusement pas sur les lieux. Face à eux même, ces derniers vont donc faire le tour des quincailleries pour s’armer à leur tour de machettes, couteaux et tous autres objets contondants. « Ce sont des incidents répétitifs que nous avons eu à enregistrer entre les jeunes de « KDD », « Monkam », « Babylone » et « Nganguè». Je relève qu’il s’agit d’une affaire de gang qui ne doit pas être tribalisée. Dans la nuit du 14 au 15, le nommé Issa Aboubacar a été agressé mortellement. On ne sait pas encore s’il s’agit d’une vindicte populaire ou d’une agression. Ses acolytes ont aussitôt alerté ses amis. Ils sont partis de KDD pour Monkam. Là, ils ont organisé une expédition punitive de Nganguè pour Babylone. Dans cette expédition, aucune personne d’une quelconque communauté n’a été épargnée.  C’était des pillages en bande et leurs victimes se comptaient parmi tout le monde. Les forces de maintien de l’ordre informés, ce sont interposés pour qu’il n’y ait pas d’escalade. Dans la nuit du 15 mars, étant au parfum de ce que les assaillants de KDD et Monkam devaient encore descendre à Nganguè et Babylone, les populations des deux quartiers ont fait appel à leurs congénères de Kongmondo, TZF et tous ont convergé vers Shell New-bell où la situation a débordé. Les jeunes de KDD aussi dans la perspective des assauts de Nganguè et Babylone, ce sont mobilisés. Armés de machettes et couteaux en attendant les assauts annoncés pour se défendre. Ce jeudi matin, certains jeunes du quartier Babylone ont pris sur eux d’ériger des barricades pour empêcher l’entrée des motos dans le quartier. Je suis descendu. J’ai réussi à faire lever les barricades mais ils étaient déterminés à ne laisser entrer personne. Il a fallu que le préfet descende sur le lieux pour les sommer », détaille Garba Bakary, le sous-préfet de Douala 2ème. Bilan des deux jours d’altercations, beaucoup de sévices corporels, des écrans plasma emportés, des bars et commerces pillés, confie Ludovic Douga, chef 3ème degré du secteur Babylone

Délinquance juvénile

Le quartier New-bell comme nombre de quartiers dans la capitale économique du Cameroun, est devenu peu à peu le refuge des vendeurs et fumeurs de drogue. Ils le font au vu et au su de tout le monde. D’ailleurs, les chefs de quartiers et les habitants ont déjà une liste des secteurs de consommation de ces stupéfiants. Le cercle municipal de la mairie est en tête, les lieux-dits KDD, TZF, Monkam et Camp yabassi suivent. « Il y a les endroits où les jeunes jouent aux cartes. Les points de vente de café et de Chai. Des locaux que des parents louent dans les quartiers. Il loue une maison à deux personnes par la suite on y retrouve 15 et rien n’est fait », explique un jeune.

Ces chefs de gangs et membres sont décrits comme des jeunes âgés entre 16 à 18 ans et agissant sous l’effet de la drogue. L’objet des bagarres n’est souvent pas grande chose. « Ils se retrouvent dans des salles de jeux. Une petite dispute déclenche pour 25 Francs Cfa lors des jeux de cartes, alors ça devient un problème de rivalité ».

Le gouverneur de la Région du Littoral est descendu ce jeudi 16 mars 2017 à la mairie de Douala 2 pour rencontrer les différents chefs de quartiers de cet arrondissement. Il a rappelé qu’il n’est pas venu à New-bell encadrer les gangs. Il utilisera toutes les méthodes légales pour mettre hors d’état de nuire tous les délinquants de la ville de Douala. Après avoir écouté les interventions des chefs de quartiers et des leaders des jeunes, il a exhorté  les uns et les autres à participé à cette lutte pour mettre fin à ce phénomène de grand banditisme et de consommation de drogue. Des descentes inopinées sont annoncées dans les points chauds de la ville de Douala. « Vous les jeunes de New-bell réorganisez-vous en comité de vigilance en mettant de côté ceux qui consomment la drogue. Lorsque vous arrêtez un bandit faite appel aux FMO pour ne pas tomber dans la vindicte populaire », exhorte Samuel Dieudonné Ivaha Diboua.

Je rappelle que cette guerre des gangs qui se vit actuellement à New-bell n’est pas la première du genre dans la ville de Douala. En juillet 2011, il y a eu des affrontements sanglants et meurtriers entre des gangs des quartiers Makea et des jeunes de Bilonguè. Ces affrontements avaient fait trois morts, plusieurs blessés, des boutiques pillées et saccagées. Des jeunes âgés entre 15 et 18 ans étaient alors à ce temps responsables de ces affrontements.

Armelle Nina Sitchoma

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