les chiffres sont en constante augmentation malgré les actions sur le terrain. La Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale célébrée le 26 mai appelle à une prévention tous azimuts.
Selon l’enquête à indicateurs multiples par grappe conduite au Cameroun en 2014, la prévalence de la fistule obstétricale est de 20 000 cas. Le pays enregistre environ 2 000 nouvelles victimes chaque année. D’après le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) sur ces cas, 78,9 % de femmes sont à la recherche d’un traitement au Cameroun. Seulement 17,4% des femmes ayant des symptômes d’une fistule subissent une opération. La grande majorité des femmes affectées par ladite lésion est très jeune et issue de familles pauvres. Ce constat est contenu dans un communiqué de presse rendu public le 23 mai dernier par l’UNFPA. C’était en marge de la journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale, édition 2024.
Le thème retenu cette année est « Rompre le cycle : prévenir la fistule dans le monde.» Il offre une opportunité spécifique à l’UNFPA Cameroun, le ministère de la santé publique et les partenaires, de poursuivre certaines actions déjà entamées. On note d’une part le renforcement de l’information, la sensibilisation et le plaidoyer pour la mobilisation des ressources pour le maintien de la jeune fille à l’école. D’autres part, le renforcement de l’information, la sensibilisation, le plaidoyer et la mobilisation des ressources pour réaliser environ 17 000 chirurgies réparatrices au profit des femmes et filles atteintes de fistule obstétricale et en attente de traitement au Cameroun.
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De l’avis des experts, la fistule obstétricale est une des lésions les plus graves et les plus dangereuses pouvant survenir lors d’un accouchement difficile prolongé. D’après le communiqué, ces femmes confrontées au manque de ressources pour payer les frais médicaux nécessaires pour la réparation de la fistule, vivent le calvaire. Leur condition les expose à la stigmatisation, aux violences et à la pauvreté. Pour elles, leur maladie est une raison d’exclusion sociale, de perte de ressource économiquement et de moyen de survie. La dépression ou la perte d’estime de soi, également.
4 000 femmes meurent pendant la grossesse
Face à cette situation, le Ministère de la Santé Publique s’est engagé à améliorer l’accès aux soins de santé maternelle, néonatale et infantile. En collaboration avec L’UNFPA, ledit ministère mène depuis 2003 la campagne «Éliminer la Fistule au Cameroun». A ce jour plus de 1294 opérations chirurgicales réparatrices gratuites en faveur des femmes ayant cette perforation entre le vagin et le rectum ont été réalisées. L’Agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, s’investit également dans la prévention de cette condition, qui reste le meilleur moyen de lutte contre la fistule obstétricale. Elle soutient entre autres l’amélioration de l’accès des populations aux services de planification familiale et aux soins prénatals. La formation et le déploiement des sages-femmes dans les formations sanitaires.
L’agence élargit également l’horizon de vie des filles stigmatisées à travers la prolongation de leur séjour à l’école où l’accès aux filières universitaires, scientifiques et techniques, ainsi que l’information susceptible d’aider les filles à retarder l’âge du mariage et de la première grossesse. Car, environ 4 000 femmes meurent chaque année au Cameroun pendant la grossesse à l’accouchement ou après. Ces décès maternels sont pour la plupart évitables. Pour chaque femme qui meurt, plusieurs survivent, avec des complications. L’une des plus graves est la fistule obstétricale. Une perforation qui survient entre le vagin et le rectum après un accouchement difficile et cause des fuites incontrôlables d’urine ou de matières fécales et des problèmes médicaux chroniques à long terme chez la femme.