02 casernes sur 11 sont opérationnelles. 417 bouches et poteaux d’incendie sont disponibles sur les 8200 indispensables à Douala. Des équations qui compliquent le déploiement des éléments du 20ème Groupement des sapeurs-pompiers du Cameroun déjà limités matériellement.
Le Caporal-Chef Djata et le Soldat de 2ème Classe Azo’o ont le regard serein. Vêtus d’un t-shirt noir que traverse une légère bande rouge. Ils sont assis dans une cabine et attendent patiemment les sollicitations des citoyens. Deux lignes de téléphones fixes, dont l’apparence questionne sur l’effectivité du fonctionnement, sont posées sur la table de fortune juste à côté. Derrière eux, un tableau indique la permanence du jour. Nous sommes le mercredi 22 mars 2023. Le Centre de suivi opérationnel de Ngodi à Douala, logé au 20ème Groupement des sapeurs-pompiers, respire le calme.
« Quand il y a un incendie dans un quartier et on compose le 118, ça sonne ici. Ce Centre fonctionne 24/7, que ce soit à minuit ou 2h du matin. Parfois je sors de la maison à 1h. Je viens ici jeter un coup d’œil pour voir si l’équipe sur place est en veille. » indique le capitaine Choukou, Commandant de la 201è Compagnie d’Incendie de Douala.
Pour le Lt-Colonel Abdiel Kadrey, le Centre de suivi opérationnel est la clé de toutes les opérations. Il est sous la coordination d’un Sergent du jour. Celui-ci peut venir en renfort quand il y a une urgence. La gestion des appels est la clé qui détermine et marque le top départ d’une opération. « On peut recevoir 1000 appels par jour. Sur ces 1000 appels, il n’y a que 4 qui signalent des détresses ou des urgences. Dès qu’on reçoit 5 appels et plus à la même adresse, l’appel direct de la Police ou de la Gendarmerie, la sirène est déclenchée », souligne le capitaine. Un coup de sirène, c’est le feu. Deux, c’est l’accident de circulation. Trois sonneries renvoient au rassemblement. L’équipe de service se retrouve au point de rassemblement et démarre les véhicules déjà parés. Il faut agir rapidement…
Altruisme efficience – discrétion
Non loin du centre de suivi opérationnel, les voitures d’intervention sont stationnées. Le premier départ occupe bien sa position devant l’entrée principale de la caserne. Juste après lui, le véhicule de secours et d’assistance aux victimes. Le fourgon pompe-tonne, imposant de par son gabarit de 12 000 litres, est garé tout près. « Depuis le matin on n’a pas reçu d’appel. Actuellement les éléments sont en train de sortir pour aller compléter le carburant. Toutefois, le centre de secours de Bonabéri est sur une intervention en cours du côté de Souza où une maman a jeté son nouveau-né dans un puits », relate le capitaine Choukou.
À date, le groupement dispose de 5 engins roulants. « Le centre de secours de Bonabéri compte un fourgon et un véhicule de secours et assistance. Du côté de Ngodi, on a deux fourgons et un véhicule de secours et assistance. Avec un effectif de 180 personnels sapeurs-pompiers », précise le Lt-Col Abdiel.
« Altruisme-efficience – discrétion » c’est le code d’honneur des éléments du Lt-Colonel Abdiel Kadrey, Commandant du 20ègroupement des sapeurs-pompiers. Cette formation territoriale du Corps National de Sapeurs-Pompiers couvre les Régions du Littoral et du Sud-ouest. Mis sous-emploi auprès des autorités administratives et des communautés territoriales décentralisées, elle se déploie au quotidien pour répondre aux demandes de secours pour personnes accidentées, prises de malaise, tombées dans un puits, parturiente et même des personnes blessées ou brûlées. La brigade du feu se mobilise aussi et surtout pour les incendies, les explosions, les éboulements et les effondrements d’immeuble, les faits d’animaux, les pendaisons, les découvertes de corps. Sur le plan pédagogique, les sapeurs-pompiers participent également à la gestion des catastrophes et veillent au respect de la réglementation lors de la construction des établissements destinés à recevoir du public.
Le calvaire
Des tâches quotidiennes qui ne sont pas aisées, compte tenu de la modicité des moyens tant financiers que logistiques. L’ensemble des moyens humains, techniques et logistiques agonise. Entre vétustés des moyens et dégradation des routes, les missions des sapeurs-pompiers se transforment parfois en cauchemar. « Dans la ville de Douala nous disposons de deux casernes de sapeurs-pompiers. Celle de Ngodi et celle de Bonaberi. La norme voudrait un minimum de 11 casernes pour une population comme celle de Douala. S’agissant des hydrants, nous disposons de 417 bouches et poteaux d’incendie. Dans une ville qui nécessite minimum 8200 bouches et poteaux d’incendie. Ces petits éléments constituent en réalité l’architecture même de la ville et constitue en eux-même une catastrophe. Une bouche d’incendie situé à plus de 2km d’un feu, réduit de 4 fois l’efficacité d’un moyen de lutte contre l’incendie.» déplore le Lt-Colonel Abdiel Kadrey.
Les routes en mauvais états et obstruées la plupart du temps ne facilitent pas les interventions. Les modiques moyens logistiques dont disposent les soldats du feu du 20ème Groupement n’aident pas non plus à véritablement sauver les personnes et leurs biens.
« S’agissant des centres de secours et des moyens de lutte contre l’incendie, nous disposons d’un fourgon du côté de Bonabéri et de trois fourgons à Ngodi. En plus de cela, nous avons le volet sanitaire. Avec un véhicule de secours et d’assistance du côté de Bonabéri et un autre du côté de Ngodi. Les autres moyens spécifiques tels que les véhicules de secours officiers, les camionnettes, l’éclairage, ne sont opérationnels que du côté de Ngodi », s’offusque le patron du 20ème Groupement des sapeurs-pompiers du Cameroun.
Toute chose qui plombe le délai d’intervention de ces derniers. « Le délai pour que nos équipes sortent de la caserne est 02 minutes, mais le délai de présentation sur le lieu de l’incident reste aléatoire. Nous pouvons parfois ne jamais arriver sur le lieu vu le dimensionnement qui est faible en termes de caserne. L’installation d’une caserne prend en compte 03 facteurs : territoriale, démographique et le risque particulier.
Plus de secours à victimes
Pour une meilleure sécurité du Littoral et du Sud-ouest, la plus grande partie côtière du Cameroun en proie à plusieurs types de risques, la vision du commandant du 20è groupement est claire. Intensifier la formation du personnel, réduire le risque d’incendie par la sensibilisation des populations et développer des partenariats avec le secteur public et privé pour faire de l’investisseur le premier acteur de sa sécurité et surtout améliorer la réponse pour secours à victimes entre autres.
Formation territoriale du Corps National de Sapeurs-Pompiers, le 20ème Groupement dispose des compagnies d’incendie et des centres de secours. Son état-major est constitué de plusieurs pôles : opération, prévention, formation et administration logistique. Parallèlement, le groupement dispose d’un centre médical spécialisé assurant la santé du personnel, du voisinage et des victimes sur intervention.