«70 millions F.Cfa pour réussir le pari de l’organisation des Balafon Music Awards et Balafon 7ven Awards»

Cyrille Bojiko, le PDG du groupe Balafon, vous dévoile les secrets de la mobilisation et l’accompagnement des sponsors derrière les différents Awards du média.

Entretien avec Cyrille Bojiko, le PDG du groupe Balafon

Trois grands événements en trois semaines (La nuit du rire, les Balafon Music Awards et les Balafon 7ven Awards), comment on ressort de là ?

On ressort de là avec deux états. Sur le plan émotionnel on est satisfait. On est content d’avoir réussi ce challenge-là. C’est un défi qu’on c’était lancé. On faisait souvent deux évènements en deux semaines. On a ajouté un troisième évènement. On va aller vers 04 évènements. On va faire tout un mois, donc un évènement par semaine. Sauf que quand on sort de là, on est complètement épuisé parce qu’on a tout donné pour que ce soit ce que ça a été et on a besoin d’un peu de repos avant de reprendre. Vous savez que quand un évènement comme ça est terminé, dès le lendemain, on prépare la prochaine édition. On n’a pas beaucoup de temps de répit, mais il faut parfois ménager ses efforts sur le plan physique pour avoir la capacité de pouvoir se relancer.

Quelles sont vos motivations sachant qu’il existe une pléthore de cérémonies de ce genre dans l’environnement médiatique ?

C’est vrai qu’il y a beaucoup d’awards qui existent sur le cinéma et sur la musique, mais chaque awards à sa spécificité. Si vous regardez les dossiers de présentation de ces différents projets, vous vous rendrez compte que chaque awards a sa particularité, ses critères de notation, ses critères de désignation, ses critères de sélection et puis, a son processus qui conduit à la victoire de l’un ou de l’autre artiste. C’est une question de concept et de particularité. Pour moi,  le nombre des awards ne pose pas problème. Ça montre qu’il y a une dynamique dans un secteur. Dans un domaine comme le cinéma par exemple ou de la musique, il y a tellement de cérémonies d’awards. Ça veut dire que ce sont des domaines qui sont dynamiques, où il y a beaucoup de productions et du coup on peut avoir quelqu’un qui gagne ici et qui ne gagne pas là-bas en fonction des règlements des concours. Si vous avez quelqu’un qui gagne un peu partout, ça devient de la consécration. C’est bien qu’il y ait tous ces awards-là. Ça permet de voir est-ce-que quelqu’un va réussir à gagner partout pour qu’on se dise whaouh ! Quel que soit le critère qui est imposé, quel que soit le concept mis en place, il est toujours sur le podium. La motivation est celle de pouvoir permettre à notre organisation de distinguer parmi les talents et les valeurs de la musique ou du cinéma, ceux qui se démarquent aux yeux du jury ou aux yeux du public.

Comment avez-vous fait pour convaincre les différents acteurs à participer et les sponsors à vous accompagner ?

Nous sommes d’abord une entreprise crédible parce que le promoteur où son organisation ont quand même une certaine réputation qui ne se décrète pas mais qui s’acquiert au fil du temps. Au début, ce n’était pas ça. Tout le monde se posait la question ‘’c’est même quoi cette histoire, est-ce-que ça va marcher ?’’ Mais au fil des ans, je crois quand même que Balafon Music Awards a balisé le chemin des Balafon 7even Awards. On en était à la 9ème édition pour les Balafon Music Awards et rien qu’à la première pour les Balafon 7even awards et je savais que la réputation des Balafon Music Awards allait donner du crédit et du cachet à l’autre, puisque c’est la même organisation. Je me suis seulement servi de l’aura ou de la réputation des awards de la musique pour pouvoir aussi m’imposer dans le domaine du cinéma. Cela se construit au fil du temps. Il faut un certain sérieux et une constance dans l’organisation et donner l’envie aux gens de renouveler l’expérience. Une fois que tout cela est mis en place, forcement vous aurez l’évènement qui aura une certaine pérennité parce que l’expérience est à renouveler. Chaque année, le nombre de demandeurs de billets est de plus en plus croissant. Le nombre de chaines de télévision qui souhaitent diffuser est de plus en plus croissant et le nombre de sponsors aussi. Ça veut dire que les gens veulent revivre l’expérience. C’est ça qui garantit une certaine longévité à un évènement. Maintenant, il faut s’ajuster en permanence. On ne va pas dormir sur ses lauriers et se dire que tout es acquis. Chaque année on se remet en question. On voit les faiblesses de l’organisation et les forces. Les forces on les préserve. Les faiblesses, on travaille à les améliorer.

Comment faites-vous pour convaincre les sponsors et les partenaires à se joindre à l’aventure chaque année ?

Pour les Balafon Music Awards, ça croit. Cette année on a eu le record des sponsors qu’on n’a jamais eu. Chaque année on a au moins une marque qui vient. On n’a pas eu de marque qui se soit retirée. Celles qui étaient là au début sont restées et il y en a qui viennent chaque année s’ajouter. C’est parce qu’il y a une certaine régularité, et il y a  aussi cette généralisation de la communication grâce aux médias qui permettent de porter l’information à la connaissance d’un plus grand nombre de personnes et ça fait que les marques courent. Là où il y a l’attention, il y a l’énergie de la marque. La marque vient là où il y a la réputation. Donc cet aspect communicationnel n’est pas à négliger. Il est d’ailleurs très fort. On communique assez tôt pour fixer les gens et fixer le calendrier des évènements. Ça permet aussi bien à monsieur le Gouverneur de la région du Littoral qui est notre parrain qui nous accompagne dans ces événements chaque année malgré son agenda, de trouver le moyen d’être là ou de se faire représenter, à d’autres autorités, de pouvoir inscrire dans leur agenda culturel, l’évènement. Les marques savent que ça se tient chaque année et inscrivent l’événement dans leur plan d’action, marketing et communicationnel, publicitaire et sponsoring. Du coup, c’est plus facile pour nous de les avoirs même si on va dire que les montants ne sont pas toujours ce que nous attendons vu les charges de l’organisation, mais ce n’est pas rien. Ça permet de fournir l’effort nécessaire afin d’obtenir le résultat que nous souhaitons et qui est de plus en plus valorisant et reluisant afin de satisfaire toutes les promesses des attentes.

Les budgets… Combien coûtent ces Awards à Balafon ?

C’est 40 millions de francs pour les Balafon Music Awards et 30 millions de F.cfa pour l’organisation des Balafon 7ven awards. Cet argent, une partie est mise par nous de l’organisation et l’autre vient des sponsors. 50% pour nous et 50% des sponsors. Pour les Balafon 7ven awards, on a mis presque 80% parce que l’événement est nouveau et n’a pas encore l’accompagnement des Balafon Music Awards. L’objectif pour nous, c’est qu’on arrive dans les 2 ou 3 prochaines années à 0% d’investissement personnel. Que l’argent vienne des sponsors pour pouvoir tenir afin d’avoir des salles plus grandes et permettre à plus de gens d’être là.

Trophées, chèques et terrains … la suite ce sera quoi  ?

Les gains ne sont pas la chose la plus importante. Le plus important c’est la valeur du trophée ou du titre. Lorsque vous êtes artiste de l’année comme le jeune Happy, ça vous donne une certaine plus-value et on ne vous regarde plus de la même façon et accessoirement vous aurez le terrain. On n’aura pas les terrains chaque année. Il pourrait arriver une année où notre partenaire SCI Evolution dira qu’il n’a plus de terrain à donner. Je ne voudrais pas que les gens inscrivent l’affaire de terrain-là dans leur tête comme étant le gain absolu. Il peut arriver que l’année prochaine il dise qu’il n’a plus de terrain mais l’événement doit continuer. Quand on gagne les Oscars ou les Grammy Awards, il n’y a même pas 5 francs. C’est la valeur du trophée qui compte. C’est plus le palmarès et la valeur du titre que vous avez que le gain qui accompagne ça qui doit être mis en valeur.

Comment s’est déroulée la coordination de vos équipes qui assuraient non seulement la continuité des programmes à la radio et la télévision mais participaient aussi à l’organisation des Awards ?

C’était compliqué. Comme on n’a pas le personnel suffisant pour assurer les deux tableaux, celui de la production des événements et celui de la continuité des services à l’antenne, ça a été un peu notre handicap. Mais il fallait quand même commencer. Avec les recrutements en cours, bientôt on va disposer d’un personnel de production qui ne travaille que sur les concepts événementiels et on aura un personnel assis qui va assurer la continuité des services. On a su leur tenir un langage de motivation qu’il fallait. Ils ont été sur tous les fronts. Ils sont jeunes. Ils ont beaucoup d’énergie encore à donner et ils ont vraiment donné pour qu’on puisse atteindre ces objectifs. Mais, ça n’a pas été facile pour tout le monde. 61 personnes mobilisées pour organiser les deux événements.

Vos plus grosses difficultés …

… L’événementiel au Cameroun est un domaine qui est en cours de professionnalisation. Vous avez beaucoup de jeunes qui ne maitrisent pas, qui ne suivent toujours pas les méthodes, les principes et la rigueur qu’exige l’organisation. Lorsqu’on met un an pour préparer un événement, on n’a pas droit à l’erreur. On n’a pas droit à l’échec. Lorsqu’on a mis un an pour organiser un événement, rien ne va s’improviser, rien ne doit s’improviser. Tout doit se préparer. Je pense qu’au fur et à mesure ils ont compris. Les infrastructures. A Douala il n’y a pas de salle. A Yaoundé vous avez le palais des Congrès, le palais des Sports. Les Balafon Music Awards devaient s’organiser par exemple au palais des Sports. Si on avait un gymnase à Douala, on aurait fait un événement plus populaire. Ce n’est pas le cas. On a pas d’infrastructure, donc nous sommes obligés d’aller dans les salles de mariages pour essayer de  faire ce que nous pouvons. Nous n’avons pas encore à Douala d’infrastructure capable d’accueillir ce type d’événement. Nous voyons grand, mais les contraintes nous amènent à faire petit.

Les challenges …

… Aller plus haut, plus loin et voir toujours plus grand. Pouvoir apporter cette année quelque chose en plus à l’événement. Innover pour assurer sa régularité. Notre plus grande peur malheureusement, c’est que nous dépendons de la conjoncture artistique. Il y a des années où il y a de très grandes productions sur le marché. Vous avez des maillons forts qui ont produit et vous avez le challenge qui est relevé et il y a des années parfois où vous regardez, c’est faible. Il n’y a pas match. Dans certaines catégories, les gagnants sont déjà connus. Il y a très peu de suspense et ça déçoit un peu. Nous souhaitons que cette année, que les labels produisent le maximum d’artistes, qu’ils aient le temps de bien faire la promotion pour qu’il y ait vraiment challenge et surtout suspense parce que l’émotion joue beaucoup dans les cérémonies de récompense. 

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