Récit d’une journée de course contre la montre derrière le cortège ministériel engagé dans la visite des grands chantiers en cours de réalisation dans la ville de Douala.
Le pont ferroviaire est en béton précontraint, le tablier a été réalisé par encorbellement successif à 2×1 voies avec une portée de 746 mètres et une largeur de 10,10 mètres. Il est construit sur le deuxième pont sur le Wouri, un ouvrage de 900 mètres, comprenant en plus du viaduc ferroviaire un viaduc routier de 2×3 voies. Les travaux sont déjà réalisés à 92%, pour une consommation des délais de 91,63% et une consommation financière de 83,21%. Il ne reste donc plus que l’achèvement des épreuves de chargement, les équipements des accès et les terrassements des aménagements paysagers. Coût total des travaux, 141,6 milliards de Fcfa et le viaduc ferroviaire, 38 milliards.
Mon périple pour rattraper le cortège.
Ma journée de ce lundi 31 Juillet 2017 avait pourtant bien commencé. Levée à 6h, prête pour le départ à 7h, j’attends impatiemment la nounou qui arrive enfin à 8h30, un retard sans doute dû à la pluie qui s’abat depuis 2 jours sur la ville. A 9h, ma hiérarchie me dépose au lieu de service ; ce qui n’est souvent pas le cas. Une fois devant les services du Gouverneur de la région du Littoral, j’aperçois des confrères sur le hall et je demande à mon chauffeur de circonstance de me laisser là. Avec cette forte pluie, même les policiers postés à la guérite ne rechignent pas à ce qu’on gare devant la Région.
Il est 9h 15 minutes. Les journalistes continuent d’arriver. Le chapelet des minutes s’égrène et toujours pas l’ombre d’une autorité, même pas du personnel de la délégation des Travaux Publics du Littoral. Entre temps, je papote avec une consœur. Elle et moi sommes les seules femmes du groupe. Elle ressent une envie de faire un tour au petit coin. Je lui indique où se trouve les toilettes des services du Gouverneur. Une fois devant la porte elle se rend compte que deux balaies sont disposés sous forme de croix avec un mot affiché « hors service ». Elle revient sur ses pas, se renseigne chez l’agent d’entretien qui lui dit qu’il n’y a pas d’eau.
10h 30mn, nous sommes toujours là. Le Gouverneur et sa suite ne sont pas encore là. Le départ était prévu à 9h45mn. L’envie de ma sœur se fait de plus en plus pressante. Je lui propose donc de faire un tour à la délégation régionale de la Communication. Là, les toilettes sont propres et il y a de l’eau. On se met donc en chemin non sans avertir les collègues. 10 minutes plus tard nous voici sur le chemin retour. De loin, on entend une sirène. Ce qui me fait dire à ma consœur que ça doit être le Gouverneur et on presse le pas. Une fois sur les lieux, il n’y a plus personne. Le cortège est parti. Que faire ? On appelle un confrère dans la délégation qui indique qu’ils sont à la résidence du Gouverneur.
« Taxi ! 2 places 300 F.Cfa résidence du Gouverneur. » Pimmp ! Une fois dans le taxi je le rappelle pour me rassurer. Là, il répond et dit: « nous sommes en route pour la pénétrante Est. » Téléphone raccroché. Chauffeur, on va plutôt à Village. Lui : « ça va faire 1000 F.Cfa ». Nous: « kolo ? C’est le dépôt ? On te donne 800FCfa. » Marché conclu. Lieu-dit Elf Village. Stationnement du taxi, ouverture et fermeture des portières. On fait quoi en attendant ? Direction chez la « braiseuse » de plantain-prune. Commande passée et récupérée, il faut s’asseoir. Nous apercevons un tabouret à l’abri non loin. Nous nous y installons. Impossible de supporter 5 minutes. Cet endroit pue les urines. Il faut chercher un autre abri. Enfin nous voilà installées devant « Fokou Village. » On a fini de manger et on papote entre filles. Le téléphone sonne c’est celui de ma consœur. Au bout du fil, un confrère dans le cortège du Ministre des Travaux Publics. « -Allô ! Oui ! Nous sommes à la Elf on vous attend. – Ok ! Ok ! On y va alors. A tout à l’heure. » Elle raccroche et me dit : « on va à la base Razel, le prochain arrêt du Ministre c’est là-bas. » On traverse la route. On attend le taxi. Les secondes qui passent sont comme des minutes. La première voie est bloquée aucun taximan et moto-taximan ne passe par là. On traverse la première voie et on se tient au milieu de la chaussée. Les taxis qui passent sont pleins. L’adrénaline commence à monter. Enfin un taxi avec 3 passagers derrière. « Base Razel 2 places ! » Pimmp ! Me voici qui bâche à la cabine d’un taxi. Ce que je ne fais jamais. Une fois dans le taxi, je demande à ma consœur :
« – tu as proposé ?
Elle : – non.
Voilà que pour une distance de 100Fcfa, on paie 250 Fcfa en plus d’être serrées et d’avoir les pieds dans l’eau.
A la base Razel tout est calme. Les engins à l’arrêt. Un, deux, trois coups d’œil. Ah tiens ! Voilà quelqu’un. Le vigile est en poste.
« – Bonjour monsieur !
– Bonjour madame !
– S’il vous plait ce site va recevoir la visite d’un ministre aujourd’hui ? »
– Non. Je n’ai aucune information de ce genre. »
Un autre monsieur qui sortait du camp confirme l’info. Je prends mon téléphone et appelle un autre confrère pour me rassurer.
« – C’est où le prochain arrêt du ministre ?
– La base Razel.
– Vous êtes à quel niveau ?
– À la Elf.
– Vous allez vous arrêter ?
– Oui nous sommes en train de descendre des véhicules.
Je regarde ma compagne de galère et lui dis: « on rentre à la Elf, ils viennent de s’arrêter pour la visite du chantier de l’échangeur de la « Elf ». »
Il faut trouver une moto puisque nous sommes sur le mauvais sens de la route. Le temps passe, aucune moto, l’angoisse se lit peu à peu sur nos visages. Enfin une moto. « – Deux places 300 Fcfa Elf. – Allons. » Heureusement que la voie gauche de la route était barrée. Nous voici en train de circuler du mauvais sens. Arrivées à la « Elf », nous avons une fois pris place dans le véhicule de la presse. Quelques directives et le ministre rentre dans son véhicule. Le cortège s’ébranle pour la pénétrante Ouest de Douala.
La pluie s’est estompée. L’arrivée du Ministre des Travaux Publics a obligé les policiers en charge de la circulation à bloquer la route. Le passage du cortège et des caméras provoque le courroux des usagers de la route coincés dans les embouteillages. Premier arrêt, Bonassama. Ici le plan du chantier est présenté au ministre. Lors de l’échange entre Didier Mbog, le chef de la mission de contrôle de la pénétrante Ouest et le ministre, on apprend que le monument du cinquantenaire et une station-service en chantier bloquent l’évolution des travaux. Le monument fabriqué par Arnaud Mbankeu, érigé le 16 Mai 2013 par la CUD et qui a coûté un peu plus de 100 millions, doit être détruit ou du moins être délogé 04 ans après. Pour cela, le Délégué du gouvernement demande 2 millions pour le déplacement. « Ils sont passés de 3 à 2 millions. Ils ont d’abord fixé ce prix sur la base de quoi? » Question du ministre au chef de la mission de contrôle de la pénétrante Ouest. « Je ne sais pas monsieur le Ministre. Mais il faut l’enlever au plus vite. On accuse beaucoup de retard à cause de ça. On a voulu enlever ils ont refusé prétendant que c’est à eux de le faire », rétorque Didier Mbog. Le ministre instruit alors que ce monument soit retiré dans les brefs délais pour que le chantier évolue.
Evolution des travaux
La pénétrante Est longue de 19,20km est déjà ouverte à la circulation. L’entreprise Razel en charge des travaux est au stade des finitions. 99% d’avancement des travaux, 100% de consommation des délais et 92,21% de consommation financière. Coût des travaux 60.901 471 981 FCfa TTC, financés à 45 064 916 079 Fcfa par l’Agence Française de Développement et 15 836 555 902 par le Cameroun. Les travaux sont réalisés par Razel.
La pénétrante Ouest quant à elle, longue de 13,087 km est réalisée à 85%, avec 85,22% de consommation de délais. Coût des travaux 55,479 milliards. Date de début 6 janvier 2015 et la fin est annoncée pour le 5 Janvier 2018. Mais avant, la mise en service du viaduc routier du deuxième pont sur le Wouri est annoncée pour le 31 octobre prochain.
La fin des travaux du second pont sur le Wouri est prévue pour le 19 septembre 2018 et la réception annoncée pour le 19 octobre de la même année. Des dates qui viendront mettre fin aux calvaires des populations qui bravent chaque jour d’énormes bouchons pour se rendre au centre-ville de la capitale économique. Le Ministre a d’ailleurs eu un aperçu de cette difficulté lors de sa visite à Bonaberi. Avec des files de voitures et motos à n’en plus finir.
Cette journée du lundi 31 Juillet s’est achevée autour de 18h après une séance de travail entre le ministre et les différentes parties prenantes à la Communauté urbaine de Douala. Je suis arrivée chez moi après avoir bravé les bouchons autour de 20h. Et là il fallait enlever la casquette du travail pour revêtir celle de femme au foyer et entrer dans la cuisine.
Armelle Nina Sitchoma