Les conducteurs de la capitale économique ont du mal à stationner dans les artères de l’agglomération. Un problème de parking qui n’est pas sans incidences.
Stéphane T. est propriétaire de la « Carina E immatriculé LTE77 ». Il travaille au premier étage d’un immeuble R+1 au lieu dit «carrefour idéal » à Douala. Pour stationner son véhicule chaque matin, il effectue des tours entre le carrefour idéal, l’immeuble Pmuc Akwa et l’hà´tel résidence la falaise. Il va même parfois jusqu’au «carrefour Tief » à Bonadibong, pour espérer trouver un emplacement. Des parkings étant, en dépit de leur nombre insignifiant, occupés. Comme lui, les conducteurs de voiture de la ville de Douala ont des difficultés pour trouver une place de parking. « Pour faire une course de 10 minutes en ville, je fais parfois 30 minutes à tourner pour trouver un garage. Je fais également deux à trois tours le long des artères d’Akwa pour me garer », témoigne Ibrahim Adim. Il avoue avoir laissé tomber des courses plusieurs fois, faute d’espace pour garer.
Ranger sa voiture, est d’autant plus compliqué pour les chauffeurs ayant un patron. « Quand je dépose mon chef le matin, je fais les beffrois dans la ville pour chercher un endroit pour garer. Dès que je trouve, je l’appelle pour lui donner mon emplacement. Quand il finit de travailler, il me fait signe par téléphone et je viens le chercher », déplore Mwen. Assis dans un 4×4 du ministère de la Santé publique, il s’est créé une place au rond point Bonanjo. Son visage dégouline de sueur, avec les rayons de soleil qui se pointent peu à peu. Il a peur de sortir ou de déplacer la double cabine et de perdre sa place « Je suis obligé de rester dans le véhicule pour garder cet endroit. Ceci afin qu’aucun automobiliste ne se gare devant ou derrière moi pour m’empêcher de sortir quand le besoin se fera sentir», justifie ce dernier.
Douala, métropole d’affaire. Les gens se déplacent en voiture, en moto et même à pied. Les trottoirs sont devenus plus des parkings que des passages pour piétons. Le long des artères de la ville, les conducteurs de véhicules se garent dans un anarchisme à nul autre pareil. Entre trottoir, stationnement interdit et chaussée, les conducteurs de voiture ne laissent nulle part où les voitures peuvent garer.
D’après Adim Ibrahim, c’est généralement le matin, aux heures de pause et au retour de celle-ci qu’il n’est pas évident de trouver un emplacement. La situation est grave devant les banques, les supermarchés, les cybercafés, les boulangeries et les services publics. Le lundi et le vendredi, ce n’est même pas du tout évident d’occuper une place devant un établissement banquier. Le chauffeur de la 4×4 DJ 844BG après cette observation a opté d’éviter ces coins pendant les heures d’affluence et ne s’y rend qu’une fois les entrées de ces services libérées.
Bonjour le calvaire, Vive l’anarchie !
Le problème de parking étant prépondérant dans la capitale économique, les automobilistes s’exercent au quotidien à des exercices aussi bien physiques qu’intellectuels, pour retrouver leurs lieux de service. « Douala ne dispose pas assez de parking, je suis parfois obligé de tricher un peu et de garer sur le trottoir », se débrouille Vivianne. Officiant à Bonanjo, cette dernière a adopté un moyen de contournement. Ce vendredi, elle stationne aux abords du soldat inconnu à Bonanjo et continue le reste du parcours à pied. Elle n’est pas la seule à se livrer à cet exercice physique chaque matin ou chaque soir, soit pour se rendre dans son office, soit pour regagner sa Carina E. « Quand je trouve qu’il n’y a plus de place en ville, je gare ma carriole dans une zone retirée ou dans une station service et je continue à faire mes courses à pied », explique Pierre Albert Nguimapi. Ce dernier a déjà eu des altercations avec la communauté urbaine de Douala et ne veut plus voir les roues de son véhicule entourées de sabot. Certains chauffeurs sont parfois obligés de faire des tours en attendant qu’une voiture libère un espace, d’autres sortent plus tà´t de la maison pour espérer trouver le parking libre.
Ville portuaire, ville d’affaire. Douala est une agglomération où les voitures entrent et se succèdent minute par minute. Plus de 1000 véhicules sont immatriculés au bureau des transports pour la région du littoral par semaine, a-t-on appris du délégué régional des transports pour le Littoral. Le stationnement anarchique de ces véhicules dans la capitale économique n’est plus à prouver. Il suffit qu’un Paul gare, un Pierre suit et le mouvement se perpétue. Cette occupation désordonnée de la route draine derrière elle un embouteillage immense. Sur les axes centraux ou sur les avenues périphériques, il est pratiquement impossible de circuler librement ou aisément. Les voitures immobilisées pour la plupart le long de la chaussée, ne créent aucune gêne pour les autorités chargées du maintien de la circulation. Cependant, ce sont les chauffeurs qui paient le prix. « C’est vraiment difficile de conduire dans la ville de Douala et surtout à Akwa, parce que personne ne respecte les stationnements. Il faut parfois attendre des minutes sur place pour qu’un chauffeur de taxi prenne un client, ou circuler prudemment parce qu’un autre conducteur a garé sur la chaussée. Tout ça ne facilite pas la conduite », se plaint Eric Visih. Quand il regrette, un autre chauffeur gare devant lui et bloque le passage. Des klaxons fusent de partout. Pendant quelques minutes la circulation s’immobilise avant de reprendre. « Le problème de stationnement de la ville de Douala n’est pas seulement un problème d’aménagement du site mais un problème de comportement. La plupart des usagers de la ville se comportent comme s’ils n’avaient pas de permis de conduire », s’indigne Julienne. Le trottoir et une partie de la chaussée sont occupés par les engins à quatre roues. Les automobilistes se disputent alors la chaussée avec le piéton et les « benskinners ». Pimm pimm…, les conducteurs sont obligés de klaxonner à chaque fois, pour ne pas bousculer ou cogner un piéton.
Vol et accident
L’absence de parking oblige les propriétaires de voiture à se garer parfois dans des zones reculées, laissant leur véhicule à la merci des enfants de la rue et des voleurs. Pot de phare, clignotant, rétroviseur, roue et lecteur Cd ou Dvd sont les principales pièces volées des voitures. Sans oublier que parfois des documents et des pièces personnelles sont extraits des voitures au vu et au su de certains passants. J’ai perdu mon lecteur, moi mon rétroviseur et j’étais garé dans un carrefour, entend-t-on souvent quelques-uns se plaindre. Stéphane, lui, s’est vu extirpé un pot de phare, un rétroviseur et un clignotant. Et ce, malgré l’alarme de protection installé sur sa voiture.
« A force de chercher un parking tu peux te retrouver avec le corps de quelqu’un sous ton automobile, surtout celui d’un conducteur de mototaxi car ils roulent très mal », révèle un chauffeur. Les yeux étant à la recherche d’un espace pour stationner, un conducteur peut être distrait et ne pas voir un autre véhicule qui vient en face ou même un piéton, et le pire peut arriver.
CUD-CAD : La guerre du « Gombo »
Une Décision du Préfet du département du Wouri, datant du mois de juillet est venue suspendre temporairement la mise en fourrière des véhicules pour mauvais stationnement ou stationnement interdit. Ceci à cause d’une guéguerre entre les Maires des Communes d’arrondissement et la Communauté urbaine de Douala. D’ailleurs la question sur l’entité en droit de saisir un véhicule dans la ville a été soulevée par Denise Fampou, maire de Douala 2ème et Françoise Foning, maire de Douala 5e lors du sommet de la plateforme d’actions de lutte contre le désordre urbain
Les maires se plaignaient de ce que des véhicules saisis par les agents de la Cud étaient gardés dans leur fourrière et les revenus reversés à la Communauté, ce qui créé un manque à gagner pour la commune. Approché sur le sujet, Fritz Ntone Ntone, délégué du gouvernement auprès de la Cud, reconnait qu’il y a problème. L’activité de mise en fourrière de véhicule peut être menée par une commune ainsi que par la Communauté Urbaine. Il peut arriver qu’il y ait empiètement ou étouffement des uns et des autres. Et comme tout cela est sous-tendu par des recettes… Si on doit mettre le sabot sur un véhicule à Akwa, qui a le droit de le faire ? Le maire va dire que c’est sa circonscription, le délégué lui va arguer qu’il a le droit d’intervenir partout à Douala ». En plus, » exemple du parking. Tout magistrat municipal, toute commune peut percevoir les frais de parking. Mais la précision c’est que celui qui aura aménagé le parking a le droit de percevoir des droits. L’aménagement au sens propre du terme est du ressort de la communauté urbaine. C’est nous, la Cud qui faisons les routes et autres », confie le Délégué.
Esquisse de solution
Malgré le problème foncier que la Cud a dans la ville, les esquisses de solution ont été faites. Dans le cadre du plan de circulation d’akwa des stationnements latéraux ont été créés. La plupart des routes ont été misent en sens unique et permettant le stationnement des deux cà´tés de la route. A Bonanjo, des rues ont été vouées au stationnement et d’autres mises en sens unique avec stationnement interdit, soit d’un cà´té et autorisé de l’autre.
Pour palier le problème de parking et du mauvais stationnement dans la ville, un marché des sabots a déjà été passé afin que tous les intervenants possèdent les mêmes outils. Des badges seront instaurés pour faciliter l’identification du personnel sur le terrain. Il y aura également une phase de sensibilisation des usagers. Les activités de marquage et de signalisation seront quant à elles renforcées.
Chers conducteurs… vous êtes prévenus !
La route ne tue pas, mais c’est nous qui tuons.
Be Carefull…
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Armelle Nina Sitchoma