Les différents arrondissements de la capitale économique ont vécu ces mouvements de différentes manières. 10 jours après, plusieurs quartiers de Douala portent encore les stigmates de celles-ci.
Mercredi 29 octobre 2025. 11 heures 15 minutes. La longue file de voitures qui arpente les rues du quartier-village à Douala attire le regard des curieux. La mine déconfite, le regard hagard, les populations qui se massent le long des trottoirs contemplent le spectacle qui se déroule devant elles. Sur le parcours, la chaussée est tachetée çà et là. D’énormes couches de poudre noire sont visibles sur le bitume. Les fils de fer, restes des pneus brûlés la veille, jonchent encore la chaussée, quelques étals aussi. Les sachets, tout comme les bouteilles en plastique, occupent une place importante dans ce décor. Les tas d’immondices jonchent les rues. Le long de la route, les bâtiments, les commerces ainsi que des stations-service portent les souvenirs des événements de la veille. Vitres cassées par ci, pompe vandalisée par-là, voitures calcinées de l’autre côté, boutiques vandalisées et brulées.
Le décor change peu à peu qu’on se rapproche du carrefour Yassa. Ici, la cité sort timidement de sa torpeur. Quelques comptoirs sont disposés çà-et-là. Le giratoire qui grouille habituellement de monde se laisse désirer. Quelques curieux, massés le long du carrefour et particulièrement autour de la station Tradex, apprécient l’ampleur des casses de la veille. Non loin de là, le croisement qui sépare Nkolbong de Nyalla et Yassa est calme. Certains conducteurs de moto recherchent les clients pour faire fortune. « On va rester à la maison et vivre de quoi ? », lancent certains.
la vie suit son cours normal
Le décor change peu à peu qu’on se rapproche du carrefour Yassa. Ici, la cité sort timidement de sa torpeur. Quelques comptoirs sont disposés çà-et-là. Le giratoire qui grouille habituellement de monde se laisse désirer. Quelques curieux, massés le long du carrefour et particulièrement autour de la station Tradex, apprécient l’ampleur des casses de la veille. Non loin de là, le croisement qui sépare Nkolbong de Nyalla et Yassa est calme. Certains conducteurs de moto recherchent les clients pour faire fortune. « On va rester à la maison et vivre de quoi ? », lancent certains.
Les habitants ne lésinent pas à scander : « Ici il y a la paix ! Nous on ne veut pas la guerre ! » dans un environnement convivial. Le marché 14 grouille. Les vendeuses y sont présentes. Les étals débordent l’espace marchand et vont jusqu’à sur la chaussée. Ledit marché est le principal point de ravitaillement des Doualais depuis le début des manifestations postélectorales dans la capitale économique. On s’y approvisionne en vivres frais, pommes de terre, plantain, manioc, pâtes alimentaires, épices, oignons et bien d’autres équipements de ménage, vaisselle et même de décor et d’ameublement. Ici, la vie suit son cours habituel.
la peur dans le ventre
Une fois sortie de là, en passant par les quartiers Logbessou, Makèpè, Bonamoussadi, Akwa-Nord et Deido, la chaleur vive se raréfie. Les habitants desdites zones sont cloitrés dans leurs domiciles. Les écoles, établissements, espaces marchands, banques et grandes surfaces sont fermés. Le rond-point Deido essaie quant à lui de revivre. Des BenSkineurs sont stationnés çà et là du giratoire en attente des passagers. Les vendeurs de téléphones et accessoires sont également présents. Ce n’est pas le rond-point des grands jours, mais des signes de vie y sont perceptibles.
L’arrondissement de Douala 4ᵉᵉ est rentré dans la vague des manifestations postélectorales la veille, mardi 28 octobre 2025. Un jour seulement et la pénétrante ouest s’est vidée de ses occupants habituels. L’entrée ouest de la capitale économique, connue pour ses embouteillages à n’en plus finir, est fluide. En dix minutes, nous avons rallié le rond-point au lieu-dit Dobo en passant par l’ancienne route. De ce côté, les services comme les banques, les commerces, les microfinances, les boutiques, les agences de voyages et bien d’autres affichent « fermé ».
La poudre noire laissée par les pneus brûlés recouvre une bonne partie de la chaussée par endroits. Au niveau de la gare routière, quelques hiyaces et minivans stationnent. Les chargeurs se rongent les pouces en attendant la venue d’éventuels clients. Plus loin, au minéchangeur de Bonabéri, quelques curieux sont présents. Le quartier reprend vie une fois arrivée au lieu-dit Dobo. Les vendeurs de viandes et de poulets braisés sont en poste. Les clients aussi. « On a faim », scandent certains quand d’autres réclament à boire à des rythmes de « on a soif ! ».
dans le brasier de New-bell
New-Bell dans l’arrondissement de Douala 2ᵉᵉ porte non seulement le deuil, mais aussi les stigmates des troubles des deux jours qui ont précédé la proclamation des résultats. Selon un communiqué du gouverneur de la région du Littoral daté du 26 octobre 2025, 4 personnes y ont perdu la vie. « Ces individus ont attaqué la brigade de gendarmerie de Nkoulouloun et les commissariats de sécurité publique du 2ᵉ et du 6ᵉ arrondissements de la ville de Douala, avec pour objectif manifeste de les incendier et de s’emparer des armes se trouvant dans lesdites unités », renseigne Samuel Dieudonné Ivaha Diboua.
De l’altercation qui s’en est suivi, plusieurs éléments des forces de sécurité ont été blessés. Face à la furie de ses manifestants, le maire de la commune d’arrondissement n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention de certains habitants, puis des forces de sécurité. Depuis lors, les habitants se regardent en chiens de faïence. Les gestes et actes de chacun, scrutés par les autres. Le quartier vit dans la peur. Le clivage s’accentue. Seuls les plus courageux osent transcender ce climat pour vaquer à leurs occupations habituelles.
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