Au cœur du come-back du train express sur les rails Douala-Yaoundé

5 ans après le retrait de la circulation du train inter-city suite au déraillement de celui-ci à Eseka, le transport des personnes par train reprend  sur la ligne Douala- Yaoundé. Malgré les appréhensions de certains, plusieurs  autres camerounais étaient dans l’attente du retour des voyages par train. Ce 1er juillet 2021, leur vœu a été exaucé avec le lancement du train express qui vient tourner la page de l’inter-city. Ce train sera-t-il à la hauteur des attentes des Camerounais ? Ce qu’il faut savoir sur ces nouvelles locomotives, voici mon expérience à moi.

Notice avant le voyage #TrainExpress :

1°) Evitez les vêtements serrés, privilégiez les pantalons, jupes et robes amples, les escaliers d’accès sont hauts.

2°) Rassurez-vous d’avoir des longues manches ou pull-over car la clim est vraiment au top

3°) Ne pas descendre du train durant les arrêts si vous n’êtes pas à votre destination car les 2 minutes sont respectées à la lettre. (J’ai failli louper le train après l’arrêt d’Eseka. Descendue pour quelques prises de vue, j’ai dû courir pour rattraper la locomotive en pleine marche.)

 4°) Si vous voulez être sur les espaces avec tables choisissez les numéros de siège du milieu genre 35 F et 36 C en payant vos tickets.

5°) Le train traverse 2 viaducs vertigineux entre la commune de Minloh Maloume et Eseka. Si vous avez la phobie du vide évitez de regarder dehors à ces endroits.

6°) Les repas dans le train express sont payants. Les hôtesses de MTA vous proposent des menus comme des « Crevettes à l’ail », « poulet fumé », « filet de poisson », avec entrée à 3500 F.Cfa.

Maintenant que ceci a été dit… embarquons à bord du Train Express

Arriver 20 mins avant le départ

Douala, métropole économique du Cameroun, comme à chaque saison de pluie, le ciel tarde à s’éclaircir. La vie prend peu à peu corps. Les sportifs de la première heure sont déjà sortis. Les conducteurs de motos et de taxi taclent  les premières bayam-sellam qui se rendent dans les marchés. Il est 5h 25 minutes ce 1er Juillet 2021. J’emprunte une moto depuis le marché Mboppi pour me rendre à la gare voyageur de Bessengue. 3 minutes après, je traverse la sentinelle à l’entrée de la gare.

Une fois à l’entrée de l’aérogare, des agents de sécurité orientent les passagers. Désinfection, scanning des bagages, lavage des mains sont là les mesures prises avant  tout accès à l’intérieur de l’édifice. Il est 5heures 30minutes. Ça grouille. Les hôtesses et personnels de Camrail pressent le pas. Devant les guichets, certains passagers s’acquittent de leur ticket d’embarquement. Plus loin, ce sont les retrouvailles entre les hommes et femmes de médias conviés à la double cérémonie de mise en service du Train Express et d’inauguration des 04 locomotives acquises par l’Etat du Cameroun.

Des prises électriques entre les sièges

5 heures 40. Quelques responsables de Camrail présents dans le hall invitent les passagers du Train Express à descendre au quai pour l’embarquement. Une fois dans le couloir, les hôtesses orientent. Les passagers grimpent les marches abruptes pour l’intérieur du train. 5 heures 55 minutes, fermeture de portières. A 6 heures top pile. Pruummmm pruuummm ! Le sifflement du train retentit et la locomotive quitte la gare.

Le train 185 en voiture N° 10672 en partance de Douala pour Yaoundé comporte 10 wagons. Une locomotive, deux fourgons d’alimentation, trois voitures 1ère classe, cinq voitures 2ème classe et un wagon bar-restaurant. Je suis dans la voiture 8 qui correspond à la 2ème voiture de la 1ère classe. L’intérieur est tapissé à moitié de haut par le gris et son bas est recouvert de bois. Des rideaux de couleur argenté recouvrent les ouvertures. Les 64 places assises par voitures sont divisées en deux compartiments qui se font face. Au milieu, se trouvent deux tables. Entre les sièges, les passagers peuvent profiter des prises électriques pour recharger leurs appareils.

Ambiance du premier jour

Deux mois (29 avril 2021) après le voyage d’essai du Train Express ayant à son bord le ministre des Transports, c’est finalement ce 1er juillet 2021 qui est choisi pour le lancement officiel de ce train voyageurs. Pour le voyage inaugural du jour, plusieurs catégories de personnes partagent les voitures neuves. Journalistes, blogueurs, opérateurs économiques, autorités politiques et traditionnelles et même les simples voyageurs désireux de se rendre à Yaoundé. Commençons notre ballade par la voiture une. Selon le sens de notre voyage, c’est la 5ème voiture de la classe prémium qui se reconnait par ses chaises aux couleurs bleues avec des nappes blanches. 2 passagers plus un agent de sécurité sont paisiblement installés. Dans les wagons 2 et 3 les 12 passagers pour le premier et 16 pour le deuxième sont calmes. Chacun est concentré et profite du voyage. Avançons vers la voiture 4 en faisant attention à la traversée. Les points de raccordement des voitures bougent tellement qu’on a l’impression que les chaines vont lâcher.

Cette salle est archipleine. Réunis par petits groupes, debouts  pour certains, et assis pour d’autres, ça débat. Les éclats de voix se font entendre ça-et-là. C’est l’espace des journalistes. Le véhicule 5 est également plein mais très calme. Le wagon bar-restaurant avec ses couleurs grises et ses tables spacieuses est le point de séparation entre le prémium et la 1ère classe.  La voiture 7 avec des sièges toutes de couleurs rouges et des nappes blanches montre qu’on est en plein dans la 1ère classe. Ici, les sièges sont auto réglables. On peut voir le président du groupement inter-patronal-Gicam, les maires des communes d’Edéa et Messondo et des hommes d’affaire. Le compartiment 8 est celui où je suis installée. Il est plein à moitié et c’est le silence qui y règne. De temps à autre certains se lèvent pour aller mieux observer les arrêts en gare. Le dernier wagon du train express inaugural est réservé aux chefs traditionnels et certains responsables de Camrail.

Le welcome des gares intermédiaires

En 4heures 45 minutes, le Train express a avalé 263 km en traversant les localités de Lungahe, Edea, Makondo, Mandjab, Sodibanga, Messondo, Ndogbessol, Hikoa-Malep, Badjob, Eseka, Minloh-Maloume, Makak, Minka, Mom, Otele et Ngoumou. Marquant à chaque fois des arrêts de 2 minutes dans les gares d’Edéa, Messondo, Eseka,  Makak et Ngoumou.

1 heure 15 minutes. Voilà le temps pris par le Train express parti de Douala pour rallier la gare d’Edéa. Ici, quelques curieux sont massés le long de la gare et souhaitent la bienvenue au train et un bon voyage à leur maire qui prend place dans une des voitures. A 8heures c’était au tour de Messondo d’accueillir le train. l’accueil est timide.

Des questionnements se lisent sur le visage des populations de la commune d’Eseka. Normal. La stèle abandonnée en construction qui jouxte la gare en mémoire des disparus de la catastrophe ferroviaire d’octobre 2016 fait encore remonter des souvenirs inoubliables de ce jour. ils sont tout de même sortis en nombre et saluent le passage de la locomotive. 9heures 24 minutes. La commune de Makak a revêtu ses plus beaux atours. Le train est salué avec des joies et des youyous. Le scénario est le même à l’arrêt de Ngoumou 32 minutes plus-tard, applaudissement en plus. A 10heures 41 minutes, l’hôtesse annonce notre entrée à la gare de  Yaoundé et à 10h 45minutes, le train s’immobilise.

Voyage touristique

En bas la foule est en liesse. On applaudit l’arrivée du train. Les passagers descendent sous le regard envieux de plusieurs. D’autres expriment leur ressenti. «J’ai fait un voyage magnifique dans les meilleures conditions possibles de sécurité. Toutes les appréhensions ont été levées naturellement. C’était agréable. Les arrêts sont à féliciter parce que ça nous permet de découvrir que nous avons un très beau pays car avant c’était Douala-Yaoundé direct, sans halte. C’est une sorte de tourisme », témoigne S.M. Jean-Yves Eboumbou Douala Manga Bell.

11 voitures réhabilitées et modernisées

L’esplanade de la gare de Yaoundé est aménagée pour la double cérémonie protocolaire. « Le lancement du Train Express sur l’itinéraire Douala-Yaoundé est l’aboutissement d’efforts réunis, en vue de relever le niveau de service des transports des biens et des personnes par train, fortement altéré depuis l’accident ferroviaire survenu en octobre 2016», précise le ministre des Transports.

En ce qui concerne le parc automobile, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, le minT, représentant le 1er ministre à cet événement indique que «En attendant les 25 nouvelles voitures, dont la conclusion du marché est imminente, l’Etat a procédé, en relation avec les équipes techniques de CAMRAIL, à la réhabilitation et à la modernisation de 11 voitures dites du parc SOULE. Nous disposons donc dès aujourd’hui d’un train pouvant relier, en 4 heures et 45 minutes, à raison d’un voyage aller-retour par jour, les villes de Douala et de Yaoundé. Ce temps de parcours va diminuer au fur et à mesure de l’avancement des travaux de réhabilitation de la voie pour descendre en dessous des 3 heures.»

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