Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle reproche aux directeurs des ressources humaines des entreprises de ne pas déclarer tout le personnel étranger sous leur responsabilité.
« Les données statistiques non exhaustives disponibles à son département ministériel font état de quatre mille (4000) visas de travail délivrés par le MINEFOP chaque année et plus de dix mille (10 000) étrangers qui exercent une activité professionnelle au Cameroun, en situation irrégulière». Cette déclaration est de Issa Tchiroma Bakary, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle du Cameroun. Il s’exprimait ainsi le 08 février 2023, au cours d’une concertation que son département ministériel a organisé avec les directeurs des ressources humaines des entreprises publiques, parapubliques et privées du Cameroun. La rencontre était relative aux modalités d’application de l’article 22 alinéas 1, 2 et 3 de la loi des Finances de l’exercice budgétaire 2023, fixant un prélèvement des frais de visas de travail apposés sur les contrats de travail des travailleurs de nationalité étrangère.
Pour le ministre, nombre de DRH ne déclarent pas la totalité de leurs travailleurs de nationalité étrangère. Ceci au mépris des lois en vigueur au Cameroun. « Certains personnels de nationalité étrangère réussissent à avoir des visas temporaires pour des motifs autres que l’exercice d’une activité professionnelle sur le territoire national, alors qu’ils ont été formellement recrutés à l’extérieur par un employeur basé sur le territoire national. A l’issue des 90 jours, au lieu de solliciter un visa long séjour, ils optent pour le renouvellement du visa temporaire, à l’effet de contourner l’exigence légale de production d’un contrat de travail visé par le ministre compétent», renchérit Jeannine EBA epse NGO’O,directeur de la régulation de la main d’œuvre au Minefop.
Moins d’1 million, rejets des contrats de travail
Sa direction logée au sein du ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle du Cameroun a pour but de réguler les flux de main d’œuvre nationale et étrangère. Elle travaille à l’effet d’assurer la promotion et la protection de l’emploi des nationaux et réduire la main-d’œuvre de nationalité étrangère aux seuls besoins de transferts de technologie et compétences.
« Quelqu’un ne peut pas quitter son pays pour venir toucher moins d’un million au Cameroun. C’est impossible ! Donc, arrêtez avec les 500.000 Fcfa que vous signalez-là» le ministre est formel. Une position que renforce mme EBA epse NGO’O. « Un étranger ne peut pas quitter son pays pour un salaire inférieur à un million de francs cfa au Cameroun. Le ministre souhaite que les déclarations relatives au salaire et autres avantages soient sincères et véridiques afin de ne pas obliger les services compétents à faire les vérifications qui pourraient être préjudiciables aux uns et aux autres », poursuit ledirecteur de la régulation de la main d’œuvre.
Former un capital humain compétitif
La loi accorde pourtant des visas prioritairement aux personnels de la 10ème catégorie et plus, capables d’assurer un transfert de technologies et des compétences en faveur des nationaux. Exceptionnellement, elle octroi ledit visa aux techniciens, manœuvres et ouvriers de manière contrôlée et pour des durées déterminées. Ceci en mettant des mécanismes de remplacement des étrangers par les nationaux.
Malgré toutes ces dispositions et la détermination du gouvernement, le MINEFOP se heurte au quotidien au problème de déficit de compétences nationales dans les domaines d’activités porteurs d’emplois. Pour pallier cette insuffisance, « il m’a paru indispensable de concert avec les autres acteurs institutionnels concernés de trouver les voies et moyens par lesquels l’Etat peut financer la formation professionnelle et l’emploi, afin de disposer d’un capital humain compétitif pour les besoins de l’économie nationale. D’où l’institution de ces frais de visa de travail apposé sur les contrats de travail des travailleurs de nationalité étrangère », conclut Issa Tchiroma Bakary.