Face à tous les cas de violences physiques, émotionnelles, sexuelles, psychologiques et économiques dont sont victimes les femmes et les jeunes filles, des femmes ont lancé des campagnes digitales pour appeler à briser le silence. Mais les cris ne sont pas toujours audibles.
Le vendredi 9 mars 2018, deux enfants âgés respectivement de 6 mois et 7 ans décèdent dans un domicile au quartier Ngang à Nkongsamba, dans la région du Littoral au Cameroun. Après des examens dans un hôpital, on découvre que les enfants ont été drogués et sodomisés jusqu’à la mort. Le doigt est pointé sur Joël Tanko, 31 ans, le cousin du père de la famille en séjour dans la maison. Interrogé, la compagne du suspect avoue qu’il n’est pas à son premier coup. Il a abusé de leur propre fille. Cette dernière a gardé le secret et a exhorté Joël d’aller abuser d’autres enfants pas du sien. Des scènes tragiques comme celles-ci sont légion dans les familles au Cameroun. D’aucuns ne virent pas jusqu’au drame. Mais les viols, les abus sexuels sur mineurs et autres violences sont récurrents dans plusieurs familles. Elles ne se limitent pas aux mineurs sans défense et touchent aussi les adultes, surtout les femmes. Des chiffres d’un rapport des Nations Unies bien que publiés en 2013, sont alarmants.
A cette période déjà, 52% des femmes avaient subi des violences conjugales, 53% des violences depuis l’âge de 15 ans. 30,56% des femmes avaient subi des violences physiques, 53,79 victimes de violences émotionnelles, 30,8% des violences sexuelles. En termes d’abus psychologique, 54,54 femmes sont concernées avec 50,24% victimes de violences économiques. 24% d’adolescentes sont victimes de repassage des seins et 1,4% de mutilations génitales féminines. Des chiffres en nette progression en 2018 au vu des dénonciations quotidiennes.
Comme parler de la sexualité, les abus et violences sexuelles de tout genre sont des sujets tabous en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Les réseaux sociaux sont venus faciliter les choses et ces sujets tabous animent de plus en plus les conversations. Minou Chrystal est une victime. Elle a repris goût à la vie après avoir fait acte de dénonciation. D’où la nécessité pour elle aujourd’hui d’aider les autres à briser le silence. « Je suis une survivante et j’ai constaté qu’il n’y a pas assez de visibilité sur le sujet. Peu de femmes et de jeunes filles en parlent de manière ouverte. », déplore la jeune camerounaise.
#SayNo
#SayNo, #DitesNon. C’est la campagne digitale de sensibilisation qu’elle et yohan- manuel Gershy-Damet en Côte d’ivoire ont lancé en ce mois de mars, mois de revendication des droits de la femme. Le visuel laisse entrevoir des visages et des messages forts. Des visages des stars de la musique à l’instar de Charlotte Dipanda, Tenor, Nabila, Locko, Stanley Enow, Daphné et bien d’autres. Des visages d’entrepreneurs. Des visages d’hommes et de femmes pour faire passer ce message : « Dites non aux violences faites aux femmes et à la jeune fille. La lutte contre la violence à l’égard des femmes et de la jeune fille en Afrique est commune. Hommes et femmes ne laissez personnes derrière. » Des visages de personnes toutes vêtues de vêtements blancs. Blanc couleur de la pureté, comme quoi les bourreaux ont besoin de se purifier afin d’arrêter de faire des victimes.
«Le monde des violences est non seulement cruel, mais les femmes ne sont pas souvent crues et beaucoup en Afrique se taisent par peur, car elles n’ont pas la force de se battre », témoigne Minou Chrystal, victime et fondatrice de l’association #Jaidecidedevive. Insultée et lynchée, elle a crié pour se faire entendre afin que ce qu’elle a vécu n’arrive pas à une autre. Ce que Marie n’a pas osé faire. Si ce cri avait était fait plus fort peut être, Marie serait encore en vie aujourd’hui. Face à notre silence complice, elle ne peut plus partager cette joie de vivre qui était sienne. Face à son bourreau, elle n’a pu se défendre et y a laissé sa vie. Marie est décédée le 1er mars de suite des coups de son compagnon. Son frère a décidé de ne plus se taire. C’est ainsi qu’en solidarité à l’un de leurs membres, la Communauté de blogueurs de BlogHub à décidé de lancer la campagne #LeCoupdeTrop.
L’image de la jeune fille défigurée avec le visage couvert de bandage sur le visuel en dit long. L’idée de la campagne lancée le 4 mars 2018, vise à dénoncer toutes les formes de violences physiques, psychiques, physiologiques exercées au sein des familles et des foyers, précise Alexandra Tchuileu, membre de BlogHub. La campagne digitale qui court tout ce mois de mars s’exprime sous forme de posts sur les réseaux sociaux et rédaction des billets de blog.
Parlons-en
Afin que la femme cesse d’être considérée comme le sexe faible (je me demande toujours ce que ça veut dire), cesse de penser que sans l’homme elle ne vaut rien ; Cesse de subir des humiliations et des violences parce qu’elle veut être la femme que la société définit et non ce qu’elle est, Laura Dave est venue donner sa voix pour que cette dernière se sente un être à part entière. Toujours ce mois de mars, elle a mis sur pied une campagne pour la célébration et la valorisation de la femme à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Celle-ci a pour objectif de faire parler les femmes aux femmes, des discriminations qu’elles vivent au quotidien. Lady Ponce, Laurentine Assiga, Marie Christine Molue, Liz Ngwane, Habi Touré, avec à chaque fois des messages de réussite, de valorisation et de la place importante de la femme dans la société. « J’ai voulu que ce soit des visages de femmes dont la population a l’habitude de voir et d’apprécier pour que le message passe plus facilement », précise la patronne de Laura Dave Média qui porte cette campagne et qui apporte ainsi sa contribution à la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes et promouvoir leur développement.
La femme accepte de voir son corps subir des déformations pour donner un enfant à son époux. La femme travaille au même titre que l’homme, mais c’est elle qui de retour à la maison doit faire la lessive, la vaisselle, la cuisine. Elle doit vérifier si les enfants ont fait leurs devoirs. C’est elle qui sacrifie son travail pour rester au chevet de l’enfant malade. Elle doit servir à manger à son mari et satisfaire au devoir conjugal. Alors mesdames, cessez de penser que sans un homme vous ne pouvez pas vivre. C’est vous qui faites déjà tout. Arrêtez de subir des violences de toutes sortes pour faire plaisir à votre bourreau. Vous êtes des êtres magnifiques et à part entière. Ceci est ma contribution pour que cesse les violences faites aux femmes et à la jeune fille. Ne nous taisons plus, car nous méritons mieux voir plus.
Ne nous taisons plus car notre silence fait d’autres victimes qui perdent la vie et nous devenons complices. C’est au bourreau de s’inquiéter pas à la victime d’avoir peur.
Effectivement Salma
Nous devons dénoncer
Il est temps que la peur change de camp
Merci Armelle pour cette brillante et assourdissante contribution au combat Armelle! Pour la compil des campagnes en cours, et surtoit pour les chiffes qui montrent l’ampleur de ces drames humains. Nous ne baisserons pas les bras. Et nous ne serons pas moins femmes.
Quoi de plus normale Alexandra.
Si chaque personne donne de sa voix ça va encourager les victimes à parler et dénoncer.
Ce n’est qu’ainsi que les chiffres pourront baisser.
Merci d’être de crux qui combattent.
Combien c’est vrai ! Mais malheureusement, quel accompagnement y a-t-il pour les victimes ?
Pas de foyer d’hébergement. Pas d’indépendance financière pour beaucoup. Pas de personnel formé auprès de la police/gendarmerie pour recevoir les plaintes avec tact. Et sutout la quasi impossibilité d’obtenir justice devant les tribunaux… conduit à multiplier l’ampleur du traumatisme.
Développons un meilleur accompagnement des victimes. Tous ensemble, c’est certainement possible. Courage !
C’est en partie vraie ce que vous dites. Le travail fait par l’association de lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF) n’est pas à négliger. Voici un contact pour assistance, ecoute et conseils 679498592