Les membres de la corporation, indignés après un tel acte, sont allés en masse au tribunal de première instance de Douala-Ndokoti le mardi 14 juin 2016 soutenir le conseil du Syndicat national des journalistes du Cameroun lors du dépà´t de la plainte contre x pour des faits de séquestration et d’humiliation d’une journaliste stagiaire en plein exercice de la profession.
Ce fait relève de l’inédit. Des journalistes séquestrés on en a déjà vu. Des journalistes bastonnés ça aussi. Mais des journalistes déshabillés et humiliés cela sort de l’ordinaire. Pire encore, une jeune journaliste stagiaire mineure (cette dernière est à¢gée de 20 ans, puisque la majorité absolue au Cameroun est de 21 ans). Face à cet acte ignoble et à la limite barbare, les confrères et consÅ“urs ont tout d’abord manifestés leur mécontentement sur la toile à travers les réseaux sociaux en attendant l’initiative du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC), le plus grand syndicat de cette corporation au Cameroun. Le ton a donc été donné ce mardi par la plainte déposée au tribunal de première instance de Douala-Ndokoti.
Comme un seul homme, les journalistes sont venus en nombre pour accompagner cette initiative afin que justice soit faite et que plus pareil acte ne se reproduise. Denis Nkwebo, président du Snjc explique « Les journalistes sont venus accompagner les conseils du Snjc pour déposer une plainte avec constitution de partie civile contre x pour des faits de séquestration, d’humiliation d’une journaliste-stagiaire de la radio Sweet Fm. Nos conseils ont effectivement déposés la plainte. Maintenant le Snjc demande que justice soit rendue en son nom et au nom du peuple camerounais, pour les faits d’humiliation subis par notre consÅ“ur. Nous avons confiance en nos avocats. Je peux déjà vous avouer qu’au moins cinq avocats viennent de proposer leurs services pour se joindre au collectif qui a été constitué. D’ici peu, nous aurons au moins un collège de 20 avocats pour défendre notre consÅ“ur, la chaîne Sweet fm ainsi que la corporation des journalistes du Cameroun. Nous avons confiance en la justice »
Les faits
Pour revenir aux faits. Tout remonte au samedi 11 juin 2016. Jacky T., journaliste en stage au sein de la rédaction de la station de radio Sweet Fm, émettant depuis Douala au Cameroun est séquestrée, déshabillée et fouillée à l’hà´pital gynéco-obstétrique de Douala par la superviseure qui remplace de Directeur de l’hà´pital en son absence. Cette dernière avance comme motif que la journaliste n’a pas demandé d’autorisation pour mener son enquête au sein dudit hà´pital. D’après le témoignage de son chef qui est intervenu pour qu’on la libère, « Je mène une enquête depuis 2 mois sur la problématique des couveuses pour bébés au Cameroun. J’ai eu une information selon laquelle une dame y est retenue prisonnière pour n’avoir pas pu régler la facture après les soins. J’ai donc envoyé l’interviewer. L’idée était de demander à cette dame depuis combien de temps elle est retenue, combien est-ce qu’elle doit, sans toutefois citer l’hà´pital parce que c’était une action sociale. Elle nous a donné son accord de principe.»
Quand une action sociale est remerciée par la barbarie.
Une fois sur place, la jeune stagiaire est introduite au pavillon maternité par un vigile. « Ma collaboratrice a donné le nom du bébé on l’a introduit dans le pavillon. On a appelé le nom de la dame et une femme a répondu qu’elle était dans la salle. Au bout de quelques minutes, elle ne voit pas la dame et me fais un sms. Je lui demande de revenir. Un gendarme s’approche d’elle et lui demande ce qu’elle fait là . Elle explique au gendarme qu’elle est journaliste stagiaire et qu’elle travaille sur un sujet concernant les couveuses.  Puis, ma jeune collaboratrice se dirige vers la sortie et la dame superviseur et qui remplace de Directeur de l’hà´pital demande qu’on se saisisse d’elle. Les gendarmes en faction au sein de la formation s’exécutent. Jacky est conduite à la guérite. Une fois à l’intérieur, les gendarmes à l’extérieur, elle intime l’ordre à la mineure de se déshabiller. La journaliste se saisie de son téléphone pour m’avertir, son téléphone lui est arraché. Face à l’intimidation de la dame, la mineure enlève ses vêtements. Elle lui intime l’ordre de faire pareil pour ses sous-vêtements, puis, elle lui demande de présenter ses parties intimes parce qu’elle pouvait avoir caché un micro à l’intérieur. A mon arrivée, je demande à la dame pourquoi elle l’a fait déshabiller une journaliste en situation professionnelle, elle me répond qu’elle avait le droit de la déshabiller. » raconte Clarence Yongo, chef de chaine de la radio Sweet Fm.
Journalistes marginalisés au quotidienÂ
Lors des conférences, colloques, séminaires, ateliers, bref lors des cérémonies, les journalistes sont toujours ceux-là qui sont debout parqués au fond de la salle, ceux à qui on laisse le carré du fond de la salle, ceux qui se font lever lorsqu’il n’y a plus de places assises pour d’autres convives, ceux qui ne sont pas comptés dans les véhicules lors des descentes sur le terrain, bref ils sont ceux qui sont traités comme de vulgaires mendiants. Pourtant ils n’ont pas demandé à être invités quelques parts. Tu veux faire le journalisme des séminaires et colloques on te traite comme un moins que rien et le soir où le lendemain on attend l’information dans le journal. Tu décides de faire le journalisme de terrain tu es séquestré, Â bastonné et désormais déshabillé au Cameroun.
Armelle Nina Sitchoma
Â
Never heard anything like this (to a journalist) before. I hope it will not happen again. Ever. Anywhere.